La justice britannique a rejeté vendredi les poursuites engagées contre Boris Johnson pour mensonge pendant la campagne du référendum du Brexit, une aubaine pour l’ex-ministre des Affaires étrangères au moment où il brigue la succession de la Première ministre Theresa May.
La Haute cour de Londres a donné raison au député conservateur, qui avait introduit un recours pour empêcher ces poursuites, après qu’une juge du tribunal londonien de Westminster eut décidé la semaine dernière de le convoquer dans le cadre de ces accusations pour faute grave dans l’exercice de ses fonctions. « Nous annulons la décision du juge (…) de délivrer la citation à comparaître », a déclaré le juge Michael Supperstone.
La Haute cour n’a pas motivé précisément sa décision mais s’est déclarée convaincue par les arguments de la défense.
Boris Johnson, qui n’était pas présent à l’audience, était accusé d’avoir sciemment menti, alors qu’il était maire de Londres, en disant que le Royaume-Uni versait 350 millions de livres (400 millions d’euros) par semaine à Bruxelles. Cette affirmation avait notamment circulé dans tout le pays sur un bus rouge barré du slogan : « Nous envoyons 350 millions de livres à l’UE chaque semaine, finançons plutôt notre NHS », le service public de santé. Le charisme et la fougue de Johnson, ainsi que ses slogans simplistes, avaient largement contribué à la victoire du Brexit, voté par 52% des voix le 23 juin 2016.
Selon les chiffres de la Commission européenne, la facture nette du Royaume-Uni s’est élevée en moyenne à 135 millions de livres par semaine entre 2010 et 2014.
Accusations « politiquement motivées »
La plainte avait été lancée par l’homme d’affaires Marcus Ball. Vendredi à l’audience, l’avocat de Boris Johnson, Adrian Darbishire a dénoncé des accusations « politiquement motivées ». Selon lui, la juge du tribunal de Westminster a donc commis une « erreur de droit » en convoquant son client pour une audience préliminaire, qui devait déterminer si l’affaire devait ensuite être renvoyée devant une autre cour pour être jugée.
La Haute cour a été « convaincue » par les arguments de Me Darbishire, a déclaré la juge Anne Rafferty. Lors d’une audience devant le tribunal de Westminster, l’avocat de Marcus Ball, Lewis Power, avait pour sa part plaidé que « la démocratie exige un leadership responsable et honnête de la part de personnes occupant des fonctions publiques ».
Boris Johnson, 54 ans, fait figure de favori parmi les onze candidats en lice pour succéder à Theresa May, qui démissionne ce vendredi de ses fonctions de chef du Parti conservateur, faute d’avoir pu mettre en œuvre le Brexit, repoussé au 31 octobre. Elle assurera la transition jusqu’à la désignation, d’ici la fin juillet, de son successeur par le parti tory.
LQ/AFP