A moins d’un mois de la fin de leur rupture, Londres et Bruxelles abattent leurs dernières cartes pour arriver à un accord post-Brexit et échapper ainsi à un « no deal » dévastateur, créant des tensions au sein des 27 États membres de l’UE sur les concessions à accorder.
Le 31 décembre à 23h GMT s’achèvera la période de transition suivant le divorce historique, prononcé le 31 janvier dernier. Le Royaume-Uni cessera alors d’appliquer les règles européennes et sortira du marché unique.
Après des mois de discussions poussives, les négociations, actuellement menées à Londres, butent toujours pour arriver à un accord de libre-échange sans quota ni droit de douane qui permettrait de limiter les perturbations aux échanges. Si un compromis est trouvé entre les équipes du négociateur de l’UE Michel Barnier et de son homologue britannique David Frost, il doit encore être ratifié par les Parlements respectifs, rendant les prochains jours déterminants.
« Nous travaillons dur pour surmonter les divergences qui persistent et nous continuerons de négocier toute la semaine », a indiqué un porte-parole de Downing Street.
Côté européen, la présidente de la Commission, l’Allemande Ursula von der Leyen, « veut un accord » et a dépêché à Londres l’une de ses proches collaboratrices, la Française Stéphanie Riso, pour « accélérer les négociations, avec des concessions qui risquent d’aller au-delà de ce qui a été accepté par les États membres », ont expliqué des sources européennes.
« Cela doit s’arrêter »
« Il y a un malaise croissant parmi les États membres à l’idée que Mme von der Leyen fasse tout pour obtenir un accord et le sentiment est que cela doit s’arrêter », a souligné une source européenne. Selon une autre, l’objectif est de conclure jeudi : « Soit un accord est trouvé, soit ce sera la fin ».
En cas de « no deal », les échanges entre le Royaume-Uni et l’UE seront régis par les règles de l’Organisation mondiale du commerce, synonymes de coûteux droits de douanes pouvant provoquer un choc économique. Vu le manque de temps pour se préparer, des embouteillages monstres de camions sur les routes menant aux ports, des longues files d’attente au contrôle des passeports, voire des pénuries temporaires de certains produits risquent de survenir.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est dit prêt à une telle option et a assuré que cela n’empêcherait pas le Royaume-Uni de prospérer et de nouer des accords avantageux avec de nombreux pays dans le monde. Mais même en cas d’accord sans droits de douane ni quotas, les entreprises seront soumises à de nouvelles procédures administratives chronophages et à de nouveaux contrôles.
Se préparer au pire
Le gouvernement a reconnu de « probables perturbations à court terme à la frontière ». Il a indiqué avoir écrit à cinq millions d’entreprises pour les avertir des défis à venir et annoncé la mise en place d’un centre d’opérations pour contrôler les mouvements des biens et des personnes à la frontière. Ce centre, qui fonctionnera 24 heures sur 24, sept jours sur sept, a pour but de fournir des informations en temps réel permettant aux autorités de réagir rapidement pour limiter les délais à la frontière.
« Quel que soit le résultat de nos négociations avec l’UE, il y a des changements certains auxquels les entreprises doivent se préparer dès maintenant », a déclaré Michael Gove, le ministre chargé de coordonner l’action du gouvernement. « Il n’y a pas de temps à perdre ».
Les négociations butent toujours sur les garanties réclamées aux Britanniques en matière de concurrence, la manière de régler les différends dans le futur accord et l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques. Selon des sources européennes, Michel Barnier a proposé que l’UE restitue 15 à 18% du total des quotas européens pêchés dans les eaux britanniques et de récupérer de façon symétrique les quotas pêchés par les Britanniques en Atlantique et dans le Golfe de Gascogne. Une proposition jugée bien insuffisante à Londres.
LQ/AFP