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Brexit : Cameron affirme qu’il n’y a toujours pas d’accord


Le Premier ministre David Cameron le 19 février 2016 à Bruxelles. (Photo : AFP)

Le Premier ministre britannique, David Cameron, a affirmé qu’il n’y avait «toujours pas d’accord», en retournant vendredi matin aux négociations afin d’empêcher une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, lors d’un sommet européen à Bruxelles.

«Nous avons fait quelques progrès, mais il n’y a toujours pas d’accord», a déclaré David Cameron, de retour après une longue nuit de tractations sur les réformes qu’il demande. Les dirigeants européens espèrent conclure au finish vendredi à Bruxelles leurs négociations pour éloigner le spectre d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE, après une longue nuit de tractations sur les réformes demandées par David Cameron.

Le Premier ministre britannique espère arracher un accord lui permettant d’organiser dès juin un référendum à haut risque sur l’appartenance de son pays à l’Union européenne. «C’est dur. Il y a quelques signes de progrès mais rien n’est approuvé et il reste beaucoup à faire», a commenté son entourage, collant presque mot pour mot au bref commentaire lâché peu avant 03H00 (02H00 GMT) par le président du Conseil européen Donald Tusk, qui chapeaute les négociations.

Les dirigeants de l’UE, chefs d’Etat et de gouvernement, sortaient alors d’un premier échange de vues sur les demandes de réformes de M. Cameron, suivi d’une discussion marathon au dîner sur la crise migratoire qui déchire l’Union.

«English lunch»

«Les propositions sur la table ne satisfont pas toutes les parties (…) J’espère qu’on arrivera à un accord cet après-midi», a déclaré vendredi matin Xavier Bettel, le Premier ministre luxembourgeois.

Dans la nuit, son homologue néerlandais Mark Rutte avait lancé : «Je m’attends à ce que cette nuit et demain (vendredi) ces discussions se poursuivent même s’il n’est pas à exclure que cela déborde sur le week-end, qu’on soit encore ici la nuit prochaine».

Vers 06H00, «les juristes ont pris le relais» des dirigeants pour tenter de traduire le résultat de leurs tractations en un texte de compromis. Les rencontres bilatérales doivent reprendre en fin de matinée avant un «English lunch» à 28, selon les services de Donald Tusk.

Jeudi soir, M. Cameron a réclamé devant ses 27 pairs un «accord crédible (…) qui soit assez fort pour persuader les Britanniques de soutenir l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne».

L’occasion se présente de régler le problème des relations entre Londres et le continent «pour une génération», a fait valoir le Premier ministre, confronté à un puissant courant eurosceptique au sein même de son parti, le Parti conservateur.

Vendredi matin, le tabloïd britannique The Sun estimait que M. Cameron avait «supplié l’Europe pour avoir un accord». Son concurrent eurosceptique The Daily Express barrait sa Une d’un «Vous ne pouvez gagner, Premier ministre». Même si les électeurs britanniques restent partagés, la perspective d’un «Brexit» – une sortie du Royaume-Uni de l’UE – fait trembler l’Union, déjà ébranlée par une crise migratoire sans précédent depuis 1945.

«Bien sûr, le diable se cache dans les détails. Nous devons négocier sur des questions en suspens comme les aides sociales au travail, le frein d’urgence» proposé par M. Tusk pour que la Grande-Bretagne puisse suspendre leur paiement, «et quel en serait le cadre provisoire», a souligné M. Rutte.

«Veto»

De fait, si les pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale s’inquiètent surtout de cette mesure qu’ils jugent contraire aux intérêts des centaines de milliers de leurs ressortissants installés outre-Manche, d’autres pays, comme la Belgique et la France, émettent des réserves sur les demandes de M. Cameron qui affaiblissent à leurs yeux la gouvernance économique et la zone euro.

Il faut «qu’il y ait une régulation financière qui vaille sur toutes les places de l’Europe et qu’il n’y ait pas de droit de veto ou d’empêchement, que nous puissions lutter contre les spéculations, lutter contre les crises financières partout et avec les mêmes organes», a insisté le président français François Hollande vendredi matin.

«Qu’un pays en dehors de la zone euro puisse avoir une stratégie qui va à l’encontre de celle de la zone euro, ça c’est inacceptable», avait jugé le Premier ministre belge Charles Michel jeudi. «Nous voulons un bon accord mais pas à n’importe quel prix», avait résumé la Première ministre polonaise Beata Szydlo.

Sur l’autre question brûlante, la crise migratoire, qui divise les 28 et auquel ils ont consacré plus de six heures de débats, les Européens ont exigé jeudi soir de la Turquie des «efforts supplémentaires, résolus» pour combattre les passeurs et endiguer les flux, conformément à un accord signé fin novembre avec Ankara.

Un sommet spécial UE-Turquie est prévu pour début mars et, vendredi matin, le Premier ministre grec Alexis Tsipras, dont le pays submergé par les arrivées de migrants est montré du doigt pour ses défaillances et menacé d’isolement, devait consulter la chancelière Angela Merkel et le François Hollande.

AFP