Des incendies « d’une intensité jamais vue » font rage au Pantanal, plus grande zone humide de la planète et réservoir exceptionnel de biodiversité, a annoncé jeudi le gouvernorat de l’Etat du Mato Grosso do Sul, jugeant la situation « critique ».
Trois municipalités sont particulièrement touchées dans l’immense plaine alluviale du sud du Brésil où s’est développé l’éco-tourisme. « Les incendies dans la région sont impressionnants, ils touchent plus de 50 000 hectares, et créent des difficultés logistiques », a déclaré après un survol le coordinateur du Centre national de gestion des risques, Paulo Barbosa de Souza, cité par le gouvernorat de cet Etat frontalier du Paraguay et de la Bolivie. Selon des données satellitaires de l’Institut national de recherches spatiales (INPE), quelque 8 479 incendies ont été observés entre janvier et octobre cette année au Pantanal, le chiffre le plus élevé en 12 ans. Le seul mois d’octobre a vu 2.427 incendies, soit 20 fois plus que pour le mois d’octobre 2018 (120 foyers).
Pire mois d’octobre depuis 17 ans
Il s’agit du pire mois depuis 17 ans en ce qui concerne le nombre d’incendies : 2 761 foyers avaient été enregistrés en octobre 2002, un record historique. « Les incendies se poursuivent dans de grandes proportions » dans des zone situées près de routes traversant des zones touristiques avec de nombreux hôtels, poursuit le communiqué du gouvernorat. Les municipalités touchées sont celles de Corumbá, à une dizaine de kms de la frontière bolivienne, ainsi que Miranda et Aquidauana. Les flammes « se propagent avec le vent et une végétation sèche (…). Des flammes puissantes et une fumée rougeâtre ont empêché la circulation sur (une) route mercredi », a dit une attachée de presse du Mato Grosso do Sul, qui a demandé l’aide du gouvernement fédéral à Brasilia.
Grande richesse de la faune et de la flore
Seuls une vingtaine de pompiers ou personnels de l’Institut brésilien de l’Environnement (IBAMA) luttaient contre les flammes, avec des employés locaux. Le Pantanal s’étend, outre sur le Mato Grosso do Sul, sur le Mato Grosso ainsi qu’en Bolivie et au Paraguay. La grande richesse de la faune et de la flore, avec plus de 260 espèces de poissons, 500 espèces d’oiseaux, une grande variété d’animaux sauvages et de plantes aquatiques en fait une région très prisée des touristes au Brésil.
Le Brésil a provoqué l’inquiétude et attiré les critiques de nombreux pays en août et septembre avec des incendies qui ont ravagé des régions entières d’Amazonie, en raison de la déforestation et à la faveur de la saison sèche. L’immense pays à la nature sauvage est également aux prises avec un autre désastre écologique : une marée noire d’origine inconnue, apparue en septembre et qui a souillé plus de 2.000 de côtes du Nord-est touristique. Le président Jair Bolsonaro, climatosceptique, a été mis en cause au Brésil comme à l’étranger pour avoir soutenu le développement de l’activité minière et agricole dans des zones protégées, et pour avoir affaibli les principaux organismes de préservation de l’environnement.
AFP