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Bolivie : grève générale face à une éventuelle victoire de Morales


Des manifestations ont lieu depuis plusieurs jours à travers toute la Bolivie pour dénoncer ce qui ressemble à une fraude électorale. (AFP)

Une grève générale a débuté mercredi en Bolivie pour protester contre le dépouillement des élections de dimanche donnant au président sortant, Evo Morales, une avance.

Le lent décompte officiel des votes s’est poursuivi dans la nuit de mardi à mercredi. Pour éviter un second tour, le candidat en tête doit obtenir la majorité absolue ou au moins 40 % des suffrages et 10 points de pourcentage d’écart sur le deuxième. Or, selon les derniers résultats officiels du dépouillement avec encore quelque 3 % seulement des bulletins restant à décompter, M. Morales obtient 46,4 % des voix contre 37,07 % à son principal rival, le centriste Carlos Mesa, soit une avance inférieure aux 10 % nécessaires.

Après de premiers résultats partiels, dimanche soir, pointant vers un second tour inédit entre Morales et Mesa, de nouveaux résultats diffusés lundi par l’autorité électorale avaient donné quasiment la victoire au chef de l’État sortant, suscitant des soupçons de fraude de la part de l’opposition et des observateurs internationaux. Le coup d’envoi de la grève nationale a été donné mardi soir dans l’est du pays par Luis Fernando Camacho, le président de l’influent Comité Pro-Santa Cruz, une organisation de la société civile établie à Santa Cruz, capitale économique du pays et bastion de l’opposition. Il a donné jusqu’à mercredi midi aux autorités électorales pour confirmer qu’il y aurait un second tour.

En réponse, un groupe de syndicats ouvriers et paysans proches du pouvoir, la Conalcam, a enjoint à ses militants de défendre les résultats officiels et appelé à un rassemblement mercredi à La Paz qui devrait être une démonstration de force en soutien à M. Morales. Signe du malaise entourant le dépouillement, le vice-président du Tribunal suprême électoral bolivien (TSE), Antonio Costas, a annoncé mardi sa démission en critiquant le système de décompte. Mardi soir, de nouveaux incidents ont éclaté à La Paz, où des manifestants ont affronté la police à proximité de l’hôtel où se trouve l’autorité électorale. « Non, non, non, je n’ai pas envie de vivre dans une dictature, comme au Venezuela! », scandaient-ils, dressant des barricades.

« Un coup d’État » en cours

Lundi à Sucre (sud-est), la capitale constitutionnelle, et à Potosi (sud-ouest) la foule a mis le feu au tribunal électoral départemental. Dans le même temps, des affrontements avec la police se sont produits à La Paz (ouest) et le local de campagne du parti au pouvoir a été saccagé à Oruro (ouest). Un troisième tribunal électoral a été incendié dans la nuit à Cobija (nord). Dès lundi, les observateurs de l’Organisation des États américains (OEA) ont fait part de leur « profonde inquiétude et surprise face au changement radical et difficile à justifier concernant la tendance des résultats préliminaires ».

Mardi, tentant de donner de nouveaux gages de transparence, le gouvernement a proposé aux observateurs de l’OEA de mettre en place « au plus vite une commission pour mener un audit de tout le processus de décompte officiel ». Les États-Unis ont rejeté « la tentative du tribunal électoral de corrompre la démocratie bolivienne en retardant le dépouillement ». « Nous n’avons rien à cacher », a lancé la présidente Maria Eugenia Choque. « Il n’est pas possible de frauder », a ajouté Edgar Gonzales, un des magistrats du TSE.

Une réunion sur la Bolivie était prévue mercredi à Washington, au siège de l’OEA. « Nous n’allons pas reconnaître ces résultats qui font partie d’une fraude réalisée de manière honteuse et qui est en train de placer la société bolivienne dans une situation de tension inutile », avait dénoncé lundi à Santa Cruz Carlos Mesa, qui exige un second tour. Mercredi, le président Morales affirmait qu’un « coup d’État » était en cours avant d’ajouter être « totalement sûr » d’avoir remporté l’élection.

LQ/AFP