La Crimée était en grande partie plongée dans le noir dimanche en raison d’une coupure totale d’électricité venant d’Ukraine, à la suite d ‘ »explosions » au niveau des lignes à haute tension, forçant les autorités à décréter l’état d’urgence dans cette péninsule ukrainienne annexée en mars par Moscou.
« Depuis 13h, plus d’1,64 million de personnes n’ont plus accès à l’électricité », a annoncé le ministre russe de l’Énergie dans un communiqué, annonçant l’instauration dans la péninsule de l’état d’urgence. L’électricité venant d’Ukraine a été coupée dans la nuit de samedi à dimanche, a précisé la branche locale du ministère russe des Situations d’urgence dans un communiqué, sans préciser la raison de cette coupure totale.
Pour le Premier ministre de Crimée, Sergueï Axionov, l’Ukraine est à l’origine de ce sinistre. « Ses agents l’ont peut-être fait eux-mêmes, j’estime qu’elle a donné son accord », a-t-il dit sur les ondes de la radio moscovite Govorit Moskva en doutant des recherches éventuelles.
De son côté, l’Ukraine, qui a confirmé que des explosions avaient eu lieu au niveau des lignes à haute tension, a assuré ne pas connaître les responsables : « L’enquête suit son cours. Pour l’instant il n’y a pas d’hypothèses, les enquêteurs y travaillent », a déclaré la porte-parole du ministère ukrainien de l’Intérieur, Natalia Stativko.
« Véritable acte terroriste »
La compagnie ukrainienne d’électricité d’État Ukrenergo a publié sur son site des photos d’un pylône électrique abattu et d’un autre endommagé, situés dans la région ukrainienne de Kherson, au nord de la Crimée. La nature de ces dégâts évoque un « tir d’artillerie ou l’utilisation d’engins explosifs », a-t-elle précisé dans un communiqué. Vendredi, très tôt dans la matinée, deux autres pylônes avaient été détruits, a annoncé Iouri Kassitch, vice-directeur d’Ukrenergo, précisant que des « éclats d’obus » avaient été retrouvés sur place.
Or, l’approvisionnement de la Crimée en électricité dépend entièrement de ces quatre lignes ukrainiennes à haute tension. « L’ensemble des quatre lignes qui fournissent la Crimée en électricité ont été coupées. Plus tôt dans la journée, nous avons tenté de rétablir le courant, mais ce fut un échec », a poursuivi Iouri Kassitch, lors d’une conférence de presse, ajoutant que les mesures techniques prises pour pallier au manque d’électricité sont « très dangereuses ».
Des Tatars de Crimée, une minorité musulmane majoritairement opposée à l’annexion, manifestaient au pied des pylônes depuis samedi, et appelaient à un blocus de la péninsule pour protester contre l’arrestation de plusieurs de ses membres en Crimée, selon l’agence de presse russe RIA Novosti. Le député russe pro-Kremlin Frants Klintsevitch a qualifié la coupure d’électricité de « véritable acte terroriste » , d’après RIA Novosti.
Annexée par Moscou en mars 2014, la Crimée dépend toujours de son ancienne patrie, l’Ukraine, pour son approvisionnement en eau, en produits alimentaires mais surtout, en électricité. En décembre, Kiev avait déjà coupé l’électricité plusieurs fois, asphyxiant son ancienne péninsule pour faire pression sur les autorités russes.
AFP