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Birmanie : des soldats tirent sur les manifestants


Les autorités ont opté pour une démonstration de force face aux manifestants dimanche. (photo AFP)

Des militaires se déployaient dimanche dans Rangoun et les télécommunications pourraient être perturbées dans la nuit, a mis en garde dimanche soir l’ambassade américaine en Birmanie, faisant craindre une répression sanglante par l’armée du mouvement de contestation contre le coup d’État.

La peur des représailles est dans tous les esprits dans ce pays où les derniers soulèvements populaires de 1988 et 2007 ont été réprimés dans le sang par les militaires. D’autant que la mobilisation contre le putsch, qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi le 1er février, ne faiblit pas. Dimanche, pour le neuvième jour consécutif, les Birmans sont descendus par dizaines de milliers dans les rues.

Dans le nord du pays, les forces de l’ordre ont dispersé dimanche un rassemblement en tirant sur des manifestants, d’après une journaliste locale. « Ils ont d’abord lancé du gaz lacrymogène, puis ont tiré », a-t-elle déclaré, sans pouvoir préciser si les tirs ont été effectués à balles réelles ou avec des munitions en caoutchouc.

« Cinq journalistes couvrant une manifestation à Myikyina ont été arrêtés », a écrit The 74 Media sur Facebook.

Auparavant, l’ambassade des États-Unis a fait état de « mouvements de troupes » à Rangoun, la principale ville du pays, mettant par ailleurs en garde contre de possibles coupures dans les télécommunications. Dans ce qui semblait une démonstration de force, des véhicules militaires blindés ont été vus brièvement défilant dans les rues de la ville.

Arrestations massives et menaces

Sourde aux critiques croissantes et face à une mobilisation qui ne faiblit pas, la junte au pouvoir accroît au contraire sa répression contre les manifestations massives organisées contre leur coup d’État, en multipliant les arrestations nocturnes et en menaçant de poursuites quiconque hébergera des militants recherchés. L’expérience démocratique de dix ans a brusquement pris fin il y a bientôt deux semaines avec la prise de pouvoir des militaires, qui ont renversé et arrêté la cheffe de facto du gouvernement Aung San Suu Kyi.

Près de la gare centrale de Rangoun, des habitants ont bloqué une rue à l’aide de troncs d’arbres pour empêcher la police de pénétrer dans le quartier, et ont reconduit des policiers venus chercher des employés des chemins de fer grévistes afin qu’ils reprennent le travail.

La junte menée par le général Min Aung Hlaing a quant à elle publié une liste de sept militants parmi les plus renommés du pays, qu’elle recherche activement pour avoir encouragé les manifestations. « Ceux qui les hébergent seront (confrontés) à des actions conformément à la loi », a-t-elle prévenu.

Depuis le début du mouvement, les militaires ont déjà placé en détention environ 400 responsables politiques, militants et membres de la société civile, y compris des journalistes, des médecins ou des étudiants.

LQ/AFP