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Bientôt la fin des tests de confort en France : un pari à «double tranchant»


Le ministre conservateur a appelé l'ensemble des régions, compétentes pour les questions sanitaires, à durcir les règles pour les non-vaccinés en cas de flambée des infections. (illustration AFP)

Le 15 octobre, les tests de dépistage du Covid-19 ne seront plus remboursés sauf sur motif médical ou pour les personnes vaccinées. Une décision qui pourrait se révéler un pari « à double tranchant » sur le plan sanitaire.

Le Premier ministre français, Jean Castex, a confirmé la semaine dernière cette annonce faite en juillet par le chef de l’État. Les tests continueront d’être remboursés pour raison médicale, soit sans prescription pour les personnes déjà vaccinées, soit sur prescription pour les autres. La gratuité devrait aussi être maintenue pour les mineurs.

Initialement annoncée pour pousser à la vaccination, cette décision répond aussi à des considérations économiques : « Il n’est plus légitime de payer des tests de confort à outrance aux frais des contribuables », a justifié le Premier ministre. Jusqu’ici la France était l’un des rares pays du monde à ne pas exiger de symptômes ou d’être cas contact pour rembourser intégralement les tests PCR. Une politique qui a un coût : 6,2 milliards d’euros cette année.

Depuis le début juillet, sauf pour raisons médicales, les tests étaient déjà devenus payants pour les touristes étrangers venant en France : ils doivent maintenant débourser 43,89 euros pour un test PCR, 25 euros pour un test antigénique. « La logique est de rembourser les tests liés à des motifs réellement médicaux, et de continuer à inciter à se faire vacciner », a insisté le Premier ministre.

Alors que près des trois quarts de la population sont totalement vaccinés, il reste potentiellement 6 millions d’adultes à convaincre. Or faire payer les tests aux non-vaccinés pourrait les encourager à franchir le pas s’ils veulent bénéficier du pass sanitaire en vigueur. Le revers de la médaille, c’est qu’on aura « probablement moins de personnes positives qui iront se faire tester », a indiqué l’épidémiologiste Pascal Crépey. Avec un risque de rebond de l’épidémie lié à l’arrivée de l’automne, il n’est pas certain que cette politique soit « tenable », estime-t-il.

« Des abus » 

D’après les données du ministère, le nombre de tests réalisés est en baisse chaque semaine depuis un pic mi-août: on est passé de 5,7 millions de tests à cette date à 3,6 millions la semaine du 20 septembre. Avec le déremboursement annoncé, certains redoutent une inégalité d’accès aux soins : « Seuls ceux qui pourront se le payer continueront à se tester », met en garde l’infectiologue Gilles Pialoux.

« Jusqu’au 15 octobre, la perspective de ce déremboursement va peut-être agir comme une légère incitation à la vaccination », juge pour sa part Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie à l’université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. « Mais ensuite, l’accès aux soins différencié entre vaccinés et non-vaccinés risque de favoriser la diffusion du virus. C’est à double tranchant. »

Si l’épidémiologiste juge normal que « les tests de confort ne soient plus remboursés car on était dans l’excès et il y a eu des abus », restreindre leur accès comporte, selon lui, deux risques. « On n’arrivera plus à suivre correctement l’évolution de l’épidémie car le taux d’incidence, un des indicateurs les plus précoces, sera affecté », avance-t-il. Mais « le risque majeur, c’est que la nécessité d’être muni d’une prescription médicale dissuade des personnes qui ont des symptômes ou qui sont des cas contacts d’aller se faire tester. Par ailleurs, le temps de se procurer une prescription laisse au virus le temps de se diffuser ».

Pour d’autres, c’est toute la politique de tests qu’il faut revoir de fond en comble : « On a gaspillé une quantité d’argent incroyable en tests tout en laissant circuler le virus, car il n’y avait aucune stratégie pour ces tests », déplore ainsi Catherine Hill, épidémiologiste à l’Institut Gustave-Roussy.

Selon elle, on n’a jamais pu faire remonter tous les cas de Covid-19 car depuis le début de l’épidémie, « on a toujours testé n’importe comment ». Pour changer la donne, il faudrait maintenant « faire des tests groupés : par exemple dans toutes les classes de France deux fois par semaine », prône-t-elle.

AFP/LQ