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Belgique : fin d’un procès inédit contre la scientologie


Premier procès visant la scientologie en Belgique, le 26 octobre. (photo AFP)

Le premier procès en Belgique visant l’Eglise de scientologie s’achève ce vendredi à Bruxelles à l’issue de sept semaines d’audiences qui ont vu le parquet réclamer la « dissolution » de la branche belge de l’organisation américaine, considérée comme une secte dans plusieurs pays mais dont les adeptes belges n’ont cessé de clamer qu’elle constituait une « religion » à part entière.

Les avocats de la défense devaient avancer leurs derniers arguments tout au long de la journée, espérant emporter l’acquittement de deux associations –la branche belge de l’Eglise de scientologie et le Bureau européen pour les droits de l’homme, une émanation à Bruxelles du siège américain de l’Eglise de scientologie et de onze de leurs membres et (anciens) dirigeants. Ils sont poursuivis pour avoir constitué une « organisation criminelle » et pour des faits de « fraude », de « pratique illégale de la médecine », de « violation de la vie privée » et d' »extorsion ».

Le président du tribunal correctionnel de Bruxelles mettra ensuite son verdict en délibéré (décision le 11 mars 2016). La première enquête en Belgique concernant l’Eglise de scientologie avait été ouverte en 1997 sur la base de plaintes d’anciens adeptes, dont une femme qui s’était tournée vers la justice après avoir cherché en vain à récupérer une partie de l’argent qu’elle lui avait versé.

Au cours de perquisitions effectuées en 1999, les enquêteurs avaient saisi des dossiers reprenant des données personnelles de ses membres, dont des descriptions psychologiques et des informations relatives à l’état de santé des adeptes. Une seconde enquête avait été ouverte, cette fois à la suite d’une plainte en 2008 de l’Office bruxellois pour l’Emploi (Actiris), qui accusait les scientologues d’avoir publié de fausses offres d’emploi dans le but de recruter de nouveaux adeptes.

« Peine de mort »

Le procès, qui s’est ouvert le 23 octobre, après 18 ans d’enquête, s’est déroulé sans parties civiles, les plaignants initiaux ayant retiré leur plainte lorsqu’ils ont été remboursés. C’est donc à un face-à-face souvent tendu entre les représentants de la scientologie et ceux du ministère public que s’est résumé ce procès. Après l’audition des prévenus, qui ont tous réfuté les accusations, le procureur fédéral Christophe Caliman, lors d’une réquisitoire fleuve, a réclamé fin novembre la dissolution pure et simple de l’Eglise de Scientologie de Belgique, tout en estimant irrecevables, pour des raisons de procédure, les poursuites visant le Bureau européen de l’église de scientologie. Il a également requis des peines de six à 20 mois de prison avec sursis à l’encontre des 11 prévenus.

Comme ils le font depuis le début de l’enquête, les scientologues belges ont contesté le bien fondé même de l’enquête. « On ne s’explique pas une aussi longue enquête, on ne s’explique pas un acharnement aussi long sur finalement des gens qui ne faisaient que pratiquer leur religion de manière paisible en Belgique », a déclaré le porte-parole en Belgique des scientologues, Eric Roux. Sans surprise, M. Roux juge « non-pertinent » le réquisitoire.

« Pour demander la dissolution, c’est-à-dire la peine de mort d’une association, il faut avoir des arguments pour le faire. Aujourd’hui, on n’est pas du tout convaincu par aucun des arguments. La gravité de ce genre de réquisitions, c’est que vous allez dire à des gens: Vous n’avez plus le droit de pratiquer votre religion ».

En tout état de cause, « ça ne serait pas la fin de l’Eglise de scientologie en Belgique, parce qu’on parle d’une association », a-t-il observé. « L’Eglise de scientologie, pour nous et pour les clients que nous représentons, est une religion, comme elle a été reconnue dans de très nombreux Etats à travers le monde. Et sur base des critères de la cour européenne des droits de l’Homme, la scientologie est une religion », a abondé Me Quentin Wauters, conseil de deux responsables européens de la Scientologie jugés à Bruxelles.

AFP