Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a rencontré jeudi à Minsk le président biélorusse Alexandre Loukachenko et fustigé « l’ingérence » occidentale dans le pays, où une mobilisation sans précédent de l’opposition continue depuis août.
« Nous avons constaté de nombreux faits d’ingérence grossière des États-Unis et (…) de certaines capitales européennes dans les affaires intérieures » du Bélarus, a déclaré Sergueï Lavrov durant une conférence de presse après une rencontre avec son homologue biélorusse, Vladimir Makeï. « Le sage peuple biélorusse est capable de comprendre lui-même (ce qu’il faut faire), sans qu’on lui souffle de l’extérieur ou fasse des propositions insistantes sur une médiation qu’il n’a pas sollicitée », a-t-il ajouté.
Sergueï Lavrov a notamment dénoncé des tentatives occidentales de « manipuler l’opinion publique, de soutenir des forces ouvertement anti-gouvernementales et de contribuer à leur radicalisation » au Bélarus. Il avait auparavant rencontré mercredi le président biélorusse Alexandre Loukachenko.
Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 9 août avec plus de 80 % des voix, déclenchant des manifestations monstres dans le pays. Plusieurs ont réuni plus de 100 000 personnes à Minsk, sans réussir à faire plier le régime.
Arrestations, tortures, violences…
Depuis le début de la contestation, des milliers de personnes ont été arrêtées, au moins quatre sont mortes et des dizaines d’autres ont dénoncé des tortures et violences subies durant leur détention. La figure de proue de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, a elle été contrainte à l’exil en Lituanie.
Si la mobilisation était en baisse ces dernières semaines, des dizaines de milliers de Bélarusses ont de nouveau manifesté dimanche contre le régime dans différents quartiers de Minsk, et des centaines ont été arrêtés.
« Bien sûr, nous sommes préoccupés par la situation actuelle au Bélarus », a indiqué Sergueï Lavrov. « Nous espérons qu’elle va définitivement revenir à la normale bientôt, y compris grâce à l’initiative du président biélorusse sur la réforme constitutionnelle et la modernisation du système politique », a-t-il ajouté.
Soutenu par Moscou, Alexandre Loukachenko, 66 ans, refuse de démissionner et a seulement évoqué une vague réforme constitutionnelle pour tenter de calmer la protestation, sans en dévoiler les détails.
AFP/LQ