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Barack Obama reçoit Bernie Sanders pour le convaincre d’abandonner


Bernie Sanders a refusé de reconnaître la victoire de sa rivale Hillary Clinton, mardi soir. (photo AFP)

Pour Bernie Sanders, « la lutte continue ». Mais rester dans la course à la Maison Blanche malgré sa défaite face à Hillary Clinton risque de diviser les démocrates. Une situation face à laquelle Barack Obama veut se poser en rassembleur en recevant jeudi le sénateur défait.

Bernie Sanders, qui a refusé de reconnaître la victoire de sa rivale mardi soir, aura en fin de matinée les honneurs de la Maison Blanche où Barack Obama devrait se montrer conciliant avec le candidat qui prône depuis des mois une « révolution politique ».

Le ton de la rencontre devrait être cordial et empathique, même si l’objectif affiché ne fait aucun doute: convaincre le septuagénaire de mettre fin à sa campagne avant la convention d’investiture fin juillet, afin de mettre les forces démocrates en ordre de bataille pour vaincre le candidat républicain Donald Trump le 8 novembre.

« Il est entendu que c’est quelque chose de très éprouvant sur le plan émotionnel », a affirmé une source démocrate proche des préparatifs de la réunion. « Sanders a mis toute son énergie là-dedans, il a un niveau de pression énorme. C’est comme un navire de guerre — il faut un moment avant de changer de cap », a poursuivi cette source sous couvert d’anonymat.

Le soutien de Barack Obama à son ancienne secrétaire d’Etat n’est pas un secret, mais le président s’est abstenu jusqu’alors de l’afficher publiquement. Il a aussi pris soin de s’entretenir avec Bernie Sanders plusieurs fois durant les primaires et a de bonnes relations avec l’élu du Vermont.

Le président sortant l’a ainsi encensé pour avoir « mobilisé des millions d’Américains avec son engagement sur des sujets comme la lutte contre les inégalités économiques et l’influence des groupes d’intérêts dans notre système politique ».

‘Temps précieux »

Les enjeux du rassemblement dont Barack Obama veut être acteur sont importants, car Bernie Sanders a surpris par l’ampleur de son mouvement en conquérant quelque 12 millions de voix sur les 27 millions d’électeurs qui ont participé aux primaires démocrates. Le sénateur du Vermont a certes perdu mardi le New Jersey et la Californie – Etat le plus peuplé du pays -, mais il s’est acquis le soutien de la frange le plus jeune de l’électorat, qui avait largement contribué à l’élection puis à la réélection d’Obama en 2008 et 2012.

« Clinton se trouve dans une situation fragile qu’elle n’aurait pas imaginé il y a un an », souligne Larry Sabato, politologue à l’université de Virginie. Bernie Sanders peut en effet décider de rester dans la course, même si Hillary Clinton dispose désormais du nombre de délégués nécessaires pour remporter l’investiture du parti.

« Affaiblie par les blessures qu’elle s’est elle-même infligées avec la controverse sur ses e-mails et son incapacité à susciter l’enthousiasme dans d’importantes franges de la coalition démocrate, Clinton a été forcée de dépenser une énergie, un temps et de l’argent précieux pour affronter Sanders jusqu’à la fin », ajoute-t-il.

Les plus fervents supporteurs de Bernie Sanders rejettent en bloc Hillary Clinton qui représente pour eux la quintessence de l’establishment américain déconnecté des réalités. D’autres soutiens plus pragmatiques estiment que c’est le moment optimal pour que Bernie Sanders tire parti de sa nouvelle influence politique.

L’acteur pro-Sanders Mark Ruffalo a dans cette lignée félicité Hillary Clinton pour sa « victoire historique » mardi, tout en appelant la « famille Sanders à continuer de mettre en avant nos valeurs progressistes ».

L’espoir des partisans de Sanders est que sa campagne puisse peser sur le parti démocrate et faire évoluer les règles des prochaines primaires en 2020. Un de leurs défis est de diminuer le poids des superdélégués, ces responsables et élus du parti qui disposent librement de leur vote à la convention et font actuellement défaut à Bernie Sanders.

Pour Neil Sroka, de Democracy for America, une organisation politique pro-Sanders: « L’ampleur du rassemblement du parti derrière Hillary Clinton va dépendre de la manière dont elle va s’approprier la révolution politique et les problématiques progressistes qui ont défini la campagne ».

Tous les yeux seront donc tournés sur Washington jeudi, dans l’attente de la réaction du sénateur lors d’un discours prévu lors d’un meeting dans la soirée. S’il ne renonce pas rapidement, la prochaine conversation avec Barack Obama risque toutefois d’être moins agréable.

Le Quotidien / AFP