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Avec une foule de candidats, ça bouchonne sur la route de la Maison Blanche


Ils sont déjà 18 candidats à briguer l'investiture démocrate. (photos AFP)

Encore dix mois les séparent des premières primaires démocrates et pourtant, les nombreux candidats à la Maison Blanche tentent déjà de se démarquer en sillonnant les États-Unis jusque dans les endroits les plus inattendus.

Offrant peu de voix ou votant tardivement lors des primaires, plusieurs États américains étaient traditionnellement ignorés en début de course pour décrocher l’investiture du parti.

C’est le cas de l’Utah, qui devrait en plus voir son influence déjà faible encore réduite pour les démocrates en 2020 puisque ses habitants voteront le même jour qu’une douzaine d’autre États lors du fameux « Super Tuesday ».

Et pourtant, la candidate démocrate Elizabeth Warren met le cap dès la semaine prochaine sur la capitale de l’Utah, Salt Lake City, pour rencontrer les électeurs avec l’espoir de gagner une longueur d’avance face à ses concurrents.

N’oublier personne

« Je me présente pour être présidente de tous les Américains, et cela veut dire partir à la rencontre et parler avec les gens à travers le pays, construire un mouvement depuis la base qui s’étende d’une côte à l’autre » des États-Unis, a expliqué Elizabeth Warren.

Et d’affirmer : « C’est comme cela que nous gagnerons en 2020 ».

La sénatrice progressiste a déjà fait campagne le mois dernier dans des États du sud comme l’Alabama, le Mississippi et le Tennessee, sur lesquels les candidats font d’ordinaire l’impasse jusqu’à seulement quelques jours avant les primaires.

« Je n’ai pas le souvenir d’un cycle électoral où les candidats à la primaire démocrate aient fait campagne aussi tôt dans des États comme l’Utah », souligne James Curry, professeur de sciences politiques à l’université de cet État de l’ouest américain.

La tradition veut qu’avant les premiers scrutins, les candidats à la primaire se concentrent sur les influents États qui votent en premier : Iowa, New Hampshire, Nevada et Caroline du Sud.

Rôle central de la Californie

Mais cette fois, les choses sont différentes avec un record historique de prétendants démocrates : déjà 18, et d’autres sont encore attendus.

Lors des primaires, les électeurs votent dans chaque État, attribuant aux candidats un certain nombre de délégués. Celui qui obtient une majorité absolue de délégués remporte l’investiture du parti. Sur ce terrain bondé, les démocrates risquent d’avoir plus de mal à s’imposer tôt et s’attendent donc à ce que les États votant tard pèsent « plus que d’habitude », explique James Curry.

Les démocrates qui espèrent défier Donald Trump en novembre 2020 doivent alors jongler avec plusieurs priorités : visiter les États qui votent en premier, se présenter rapidement aux électeurs ailleurs, et rencontrer les donateurs dans les « capitales » des collectes de fonds comme Los Angeles et New York, pour financer leurs campagnes.

Ils ont déjà visité au moins 21 États et plus de 100 villes en mars. L’ex-ministre de Barack Obama, Julian Castro, a lui prévu de faire campagne dans les 50 États américains.

Malgré son grand nombre de délégués, la Californie a longtemps été pratiquement ignorée car elle votait très tard. Comptant cette fois jouer un rôle plus central, l’État a avancé la date de ses primaires jusqu’au « Super Tuesday ».

Plusieurs candidats y ont déjà fait campagne, dont le sénateur Bernie Sanders qui domine les sondages parmi les noms officiellement en lice.

Reconquête du Midwest

Après avoir organisé de grands meetings le mois dernier dans ce bastion progressiste, le socialiste visite ce week-end les anciens bassins industriels du Wisconsin, Michigan et de la Pennsylvanie, cherchant à renouer avec l’électorat ouvrier blanc qui a voté pour Donald Trump.

En passant en plus par l’Ohio, le Texan Beto O’Rourke l’a déjà devancé dans ces États que Donald Trump avait arraché aux démocrates en 2016.

Le Wisconsin aura « une valeur exceptionnelle » car il organise seul sa primaire début avril puis devrait jouer un rôle crucial lors de la présidentielle de novembre 2020, après avoir surpris en basculant républicain la dernière fois, estime Barry Burden, politologue à l’université de Wisconsin-Madison.

Alors que le président républicain est déjà en campagne pour sa réélection, « il y a aussi une dimension symbolique dans le fait de prêter attention aux États pivots du Midwest que Trump avait remportés de peu ».

LQ/AFP