Les fabricants d’armes américains ont produit plus de 139 millions d’armes à feu destinées au commerce sur les vingt dernières années, notamment 11,3 millions pour l’année 2020, selon un rapport du ministère de la Justice publié mardi.
71 millions d’armes à feu ont été importées sur la même période, contre seulement 7,5 millions d’armes exportées, un signe du déferlement d’armes disponibles dans le pays qui a alimenté une flambée de la violence par armes à feu, des meurtres et des suicides, selon l’étude du gouvernement.
L’industrie de l’armement a en effet explosé : alors qu’en 2000 le pays ne comptait que 2.222 entreprises de fabrication d’armes en activité, en 2020, on en dénombre 16.963, d’après la même source. La production annuelle d’armes à feu destinées à la vente commerciale a aussi bondi, passant de 3,9 millions en 2000, à 11,3 millions d’armes à feu en 2020, avec un pic à 11,9 millions en 2016.
Le document montre que si les Américains ont une préférence pour les armes semi-automatiques, utilisées lors de nombreuses fusillades, ils ont acheté principalement le pistolet semi-automatique 9mm, considéré comme bon marché, précis et facile à utiliser et similaire à l’arme utilisée par les policiers. Les autorités sont par ailleurs confrontées à une hausse des armes dites « fantômes », des armes en kit pouvant être fabriquées à la maison pour quelques centaines de dollars et dont certains parties peuvent être achetées en ligne ou produites par une imprimante 3D.
Contrairement aux armes produites en usine, elles n’ont pas de numéro de série et, puisqu’elles ne sont pas considérées comme des armes tout au long du processus de vente, ne nécessitent pas de posséder un permis de port d’arme ni de soumettre l’acheteur à un contrôle des antécédents judiciaires et psychiatriques. Selon le rapport, en 2021 la police a récupéré 19.344 armes dites « fantômes », contre 1.758 en 2016.
En avril, le président américain Joe Biden a durci la réglementation entourant ce type d’armes, avec notamment l’obligation pour les revendeurs de tels kits de procéder à une vérification des antécédents des acheteurs potentiels ou encore d’inclure un numéro de série sur les pièces constitutives.
« Nous pouvons faire face à la flambée actuelle de la violence uniquement si nous avons les meilleures informations disponibles et que nous utilisons les outils et les études les plus efficaces pour alimenter nos efforts », a indiqué la numéro deux du ministère américain de la Justice, Lisa Monaco, dans un communiqué.
La publication de ce rapport survient après un week-end de violence aiguë aux Etats-Unis avec deux fusillades : l’une à caractère raciste à Buffalo dans l’Etat de New-York, où dix Afro-Américains ont été tués, et l’autre à Los Angeles en Californie où une personne a trouvé la mort et cinq autres ont été blessées. Le nombre de décès par armes à feu aux Etats-Unis a enregistré une hausse « historique » en 2020, potentiellement causée par les effets de l’épidémie de Covid-19 et la pauvreté, selon un rapport des autorités sanitaires américaines publié la semaine dernière.
Le pays a ainsi dénombré 19.350 homicides en 2020, une hausse de près de 35% par rapport à 2019, et 24.245 suicides, selon les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC). Le taux d’homicide s’est établi à 6,1 pour 100.000 habitants en 2020, un record depuis plus de 25 ans.