Des températures record ont attisé jeudi les incendies dévastateurs qui échappent à tout contrôle en Australie et l’état d’urgence a été déclaré dans la région la plus peuplée de l’île-continent.
Alors que des milliers de pompiers sont à pied d’oeuvre contre les incendies, le mercure a flirté avec les 50 degrés dans certaines zones d’Australie et les services météorologiques redoutent que les conditions ne s’aggravent. Deux pompiers ont été tués et trois autres blessés jeudi à Buxton, à une centaine de km de Sydney (est), lorsque leur camion s’est écrasé contre un arbre. L’Australie est chaque année confrontée aux feux de forêts, mais ils ont été particulièrement précoces cette saison et leur intensité renforce les inquiétudes sur l’impact du réchauffement climatique. Au moins trois millions d’hectares sont partis en fumée depuis septembre. Six personnes sont mortes et plus de 800 maisons ont été détruites. En Nouvelle-Galles du Sud, l’Etat le plus peuplé du pays qui a Sydney pour capitale, une centaine de feux continuaient de faire rage jeudi. La Première ministre de cet Etat, Gladys Berejiklian, a déclaré l’état d’urgence pour sept jours, une mesure prise pour la deuxième fois depuis le début de la saison des incendies, en septembre, et ce en raison des « conditions météorologiques catastrophiques ».
A Buxton, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Sydney, Paul Collins, un habitant, a affirmé que les feux étaient cette année « bien pires » que les années précédentes. « Ils se propagent tellement vite avec les vents. La forêt et les sols sont tellement secs », a déclaré M. Collins à l’AFP, en attribuant ces conditions au réchauffement climatique et à la sécheresse. « C’est une situation horrible. Vraiment. » Une vingtaine de maisons ont encore été détruites jeudi en Nouvelle-Galles du Sud, selon la chaîne publique ABC. De leur côté, les cinq millions d’habitants de Sydney continuaient de respirer un air pollué par les fumées émanant d’un méga-feu qui fait rage depuis des semaines à proximité. Les organisations professionnelles de médecins s’étaient alarmées lundi d' »une urgence de santé publique » pour la ville. Les hôpitaux ont constaté une importante augmentation du nombre de visites aux urgences de patients souffrant de problèmes respiratoires, notamment le 10 décembre avec une hausse de 80% des admissions alors que la qualité de l’air était la pire enregistrée ces derniers jours.
Moyenne nationale à 41,9°C jeudi
L’Australie a battu mercredi pour le deuxième jour d’affilée le record de la journée la plus chaude depuis le début des relevés, avec une moyenne nationale des températures maximales mesurée à 41,9°C, a annoncé jeudi le bureau de météorologie. C’est un degré de plus que le précédent record (40,9°C) établi mardi. Auparavant, la journée la plus chaude enregistrée dans le pays remontait à janvier 2013 (40,3°C). Et la situation ne semble pas s’arranger, puisque le record absolu de température pour un mois de décembre en Australie a été battu jeudi: le mercure a grimpé à 49,8°C dans la localité d’Eucla, en Australie occidentale. Le précédent record absolu pour un mois de décembre avait été établi à Birdsville, dans l’Etat du Queensland, en 1972 (49,5°C). Dean Narramore, du bureau de météorologie, a dit s’attendre à ce que de nouveaux records soient prochainement battus en raison de cette canicule « dangereuse et désastreuse ».
Les incendies ont suscité de multiples manifestations d’Australiens en colère envers l’inaction en matière de climat du gouvernement de centre-droit, accusé de sacrifier la politique environnementale pour soutenir l’industrie du charbon. Jeudi, des centaines de manifestants se sont rassemblés près de la résidence officielle du Premier ministre Scott Morrison à Sydney pour demander davantage de mesures afin de réduire les émissions australiennes de gaz à effet de serre. Leur but était aussi de mettre en relief l’absence du chef du gouvernement, en vacances à l’étranger au moment où son pays brûle. Les scientifiques ont noté que les incendies ont été plus précoces et plus violents que d’habitude cette année en raison d’une sécheresse record, due au réchauffement climatique. D’immenses zones de végétation sont de ce fait extrêmement sèches et offrent des conditions idéales pour la propagation des feux. Certaines villes sont en outre à court d’eau potable.
AFP