Les séparatistes du sud du Yémen ont annoncé mercredi renoncer à leur autonomie et se sont dit prêts à mettre en œuvre l’accord de Riyad, qui prévoit un partage du pouvoir dans le sud entre le gouvernement et eux.
Le Conseil de transition du sud (STC) « annonce qu’il renonce à sa déclaration d’autonomie » afin de permettre la mise en place de l’accord de Riyad, a écrit sur Twitter le porte-parole du STC, Nizar Haitham, évoquant le rôle joué par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. L’Arabie saoudite a confirmé avoir proposé un plan pour « accélérer » la mise en oeuvre de l’accord de Ryad de 2019, a commenté l’agence de presse officielle saoudienne. Le plan prévoit que le Premier ministre yéménite forme un nouveau gouvernement d’ici à 30 jours, ainsi que la nomination d’un nouveau gouverneur à Aden, la capitale du sud, où sont basés les séparatistes.
Les efforts de l’Arabie saoudite « ont conduit le gouvernement yéménite et le Conseil de transition du sud à accepter le mécanisme proposé pour mettre en œuvre l’accord de Royad », s’est félicité le vice-ministre saoudien de la Défense, le prince Khalid bin Salman, sur Twitter.L’obtention de ce consensus « montre qu’il est possible de résoudre les dissensions au Yemen à travers le dialogue, sans recours à la force », a ajouté le prince saoudien.
The Crown Prince’s efforts have succeeded in bringing together the Yemeni government and the Southern Transitional Council in accepting the proposed mechanism by the Kingdom to implement the Riyadh agreement, and achieve lasting peace, security, and prosperity for Yemen.
— Khalid bin Salman خالد بن سلمان (@kbsalsaud) July 29, 2020
Le président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, exilé en Arabie saoudite, avait exhorté fin juin les séparatistes à « mettre fin à l’effusion de sang » et à respecter un accord de partage du pouvoir, lors de sa première prise de parole depuis leur déclaration d’autonomie du sud en avril. Le conflit entre le gouvernement et les séparatistes du STC, en principe alliés contre les rebelles Houthis, représente une guerre dans la guerre au Yémen.
L’accord dit « de Riyad » a été signé en novembre 2019 et prévoit un partage du pouvoir dans le sud du Yémen entre le gouvernement et les séparatistes. Mais ses dispositions n’ont quasiment pas été mises en place et ont vite été caduques. Fin juin, la coalition militaire menée par Riyad au Yémen avait déployé des observateurs saoudiens pour surveiller un cessez-le-feu décrété entre les forces progouvernementales, qu’elle soutient, et les combattants séparatistes, après des accrochages dans le Sud.
Cette guerre dans la guerre a rendu encore plus complexe un conflit qui, en cinq ans, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué, selon l’ONU, la pire crise humanitaire en cours dans le monde au Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique. L’insécurité alimentaire aiguë devrait fortement augmenter dans le sud du Yémen, pays ravagé par la guerre, en raison d’une combinaison de facteurs qui ont été exacerbés par la maladie de Covid-19, selon un rapport de plusieurs agences de l’ONU publié il y a quelques jours. Selon ce document, qui ne couvre que les régions du sud du Yémen, le nombre de personnes « confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë » devrait passer de 2 millions en février-avril à 3,2 millions en juillet-décembre, soit une augmentation de 60 %.
AFP/LQ