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Au Vanuatu, Macron dénonce les « nouveaux impérialismes » en Océanie


Le président français est arrivé mercredi soir au Vanuatu depuis le territoire français d'outremer de Nouvelle-Calédonie, et poursuivra sa tournée jeudi soir et vendredi en Papouasie-Nouvelle-Guinée. (Photo AFP)

Emmanuel Macron a dénoncé jeudi au Vanuatu les « nouveaux impérialismes » en Océanie, lors de la première visite d’un président français dans un pays indépendant du Pacifique, qui s’entrechoque avec celles de ministres américains dans une parfaite illustration des efforts croissants pour contrer l’influence chinoise.

Dans un discours à Port-Vila, surplombant l’océan, Emmanuel Macron a détaillé sa « stratégie indopacifique » dévoilée voici cinq ans, autour de deux axes, la défense et la lutte contre le réchauffement climatique, et « une boussole: la souveraineté des peuples et l’indépendance des Etats ».

Le président français est arrivé mercredi soir au Vanuatu depuis le territoire français d’outremer de Nouvelle-Calédonie, et poursuivra sa tournée jeudi soir et vendredi en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le général de Gaulle avait fait un déplacement au Vanuatu en 1966, à l’époque où c’était encore un condominium franco-britannique qui s’appelait les Nouvelles-Hébrides.

Il y a « une logique à ma présence », a expliqué le chef de l’Etat, assurant « reconnaître » le « passé colonial » de la France au Vanuatu, « une histoire d’accaparement des richesses et d’exploitation des populations », « un passé de souffrance et d’aliénation » ainsi que de « trafic d’êtres humains ».

Mais, fort à son sens de cette histoire, et de la présence française dans le Pacifique avec notamment la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie, il a tenté de démontrer en quoi la France pouvait être cette alternative, cette « puissance d’équilibre » dont il vante souvent les mérites. Dans une région où les ambitions de la Chine se font de plus en plus conquérantes, et que les Etats-Unis tentent de contrer de leur côté.

« Les ingérences se multiplient »

Hasard du calendrier, le ministre américain de la Défense Lloyd Austin, était aussi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où il devait croiser, sans le rencontrer, le président Macron. Et ce dernier a annoncé l’ouverture d’une ambassade de France aux Samoa alors que le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken était aux îles Tonga pour inaugurer la nouvelle ambassade des Etats-Unis et mettre en garde contre un investissement « prédateur » de Pékin.

« Les ingérences se multiplient » en Océanie, a lui martelé Emmanuel Macron à Port-Vila. Il a dénoncé « de nouveaux impérialismes qui apparaissent et une logique de puissance qui vient menacer la souveraineté », ainsi que « de nombreux prêts aux conditions léonines » qui « étranglent littéralement » les pays les plus fragiles. Le président français n’a pas cité nommément la Chine.

Il avait pris moins de pincettes la veille en Nouvelle-Calédonie où il avait mis en garde les indépendantistes contre l’éventuelle velléité « de choisir demain d’avoir une base chinoise » sur le Caillou. « Bon courage, ça ne s’appelle pas l’indépendance! », les avait-il tancés.

De grandes ambitions pour l' »Indopacifique »

Le président indépendantiste du Congrès néo-calédonien, Roch Wamytan, annoncé dans la délégation présidentielle au Vanuatu, n’a finalement pas fait le déplacement, mais Emmanuel Macron était accompagné d’autres dirigeants de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française.

Seul pays européen riverain de l’Asie-Pacifique avec 1,6 million de citoyens dans la région répartis sur sept territoires d’Outre-mer et une zone économique exclusive de 9 millions de kilomètres carrés, la France affiche de grandes ambitions dans ce qu’elle dénomme l' »Indopacifique ».

Et le président français a mis l’accent sur l’environnement au Vanuatu, « seul pays indépendant francophone » de la région, comme l’a rappelé son Premier ministre Ishmael Kalsakau.

« Appel d’Ifira »

Ce dernier avait exhorté en mars à l’ONU les dirigeants du monde à « réagir, et vite », contre le changement climatique pour éviter « l’Apocalypse ».

Il avait réussi à faire adopter une résolution par l’Assemblée générale des Nations unies demandant l’avis de la Cour internationale de Justice sur les obligations climatiques des Etats. Une initiative soutenue par Paris dans un texte commun publié jeudi pour « une action immédiate face au changement climatique », baptisé « l’appel d’Ifira » du nom d’un îlot vanuatais.

Emmanuel Macron a défendu sa propre initiative, le « Pacte de Paris pour les peuples et la planète » lancé en juin, pour refonder le système financier mondial afin qu’il permette de lutter à la fois contre le réchauffement et la pauvreté.

Preuve de ce « réengagement » de la France dans le Pacifique, il a souligné que l’Agence française de développement consacrerait sur cinq ans 200 millions d’euros à cette région, la moitié en dons et l’autre en prêts, « soit cinq fois plus » que les cinq années précédentes.