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Au milieu des catastrophes, un rapport crucial des experts de l’ONU


L'horloge tourne, pressent les défenseurs du climat. (photo AFP)

Précédés par une avalanche de catastrophes, près de 200 pays se réunissent à partir de lundi pour adopter les nouvelles prévisions des experts climat de l’ONU, un texte de référence à 100 jours d’une conférence climat cruciale pour l’avenir de l’humanité.

Depuis le dernier rapport d’évaluation des scientifiques du Giec en 2014, le monde a changé. L’accord de Paris (décembre 2015) a fixé l’objectif de limiter le réchauffement « bien en deçà » de +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible +1,5°C; les jeunes sont descendus par millions dans les rues pour réclamer à leurs dirigeants d’agir vite; les signes du dérèglement climatique n’ont jamais été aussi flagrants.

Ces dernières semaines, l’humanité a subi une canicule meurtrière sans précédent au Canada, des incendies ravageurs dans l’Ouest américain, des inondations catastrophiques en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg, un déluge en Chine. Suscitant l’étonnement chez les populations frappées. « Les signaux d’alarme étaient là mais j’imagine que les gens pensent que ça va arriver à quelqu’un d’autre, ailleurs, plus tard », commente Kaisa Kosonen, de Greenpeace.

Même certains scientifiques ont été pris au dépourvu. « Le climat a changé plus vite qu’attendu », déclare Tim Lenton, de l’université d’Exeter, notant que le fonctionnement du Giec, par consensus, a aussi pu le conduire à « modérer » son message par le passé.

D’ici à 30 ans

A ce stade, la planète a gagné 1,1°C environ depuis la révolution industrielle. Alors que chaque dixième de degré supplémentaire apporte son lot d’événements extrêmes, pourra-t-on contenir le réchauffement à +1,5°C pour limiter les dégâts ?

C’est le 9 août que le Giec dévoilera ses nouvelles prévisions, après deux semaines de réunion virtuelle des 195 États membres qui passeront au crible ligne par ligne, mot par mot, le « résumé pour les décideurs ».

Mais les recherches existantes, sur lesquelles se base le Giec, donnent des indices clairs. « Si on ne baisse pas nos émissions dans la décennie qui vient, on n’y arrivera pas. Les 1,5°C vont être atteints très probablement entre 2030 et 2040, ce sont les meilleures estimations qu’on a aujourd’hui », indique le climatologue Robert Vautard, l’un des auteurs de ce premier volet de l’évaluation du Giec.

Les deux autres volets sont prévus pour 2022. Celui sur les impacts montre comment la vie sur Terre sera inéluctablement transformée d’ici à 30 ans, voire plus tôt. Ce volet n’arrivera qu’après la COP26, la conférence climat de l’ONU prévue en novembre à Glasgow.

Beaucoup espèrent que le rapport dévoilé début août refasse pression sur les gouvernements pour qu’ils relèvent leurs ambitions climatiques et mettent en œuvre les politiques nécessaires. « Nous sommes confrontés tous les jours à la destruction et à la souffrance (…). Il est important de reconnaître que nous parlons de l’avenir de la planète. Nous ne pouvons pas jouer avec ça », a insisté cette semaine la responsable climat de l’ONU Patricia Espinosa.

Continuer le combat

Dans ce contexte, la présidence britannique de la COP26 réunit les ministres d’une quarantaine de pays dimanche et lundi pour « donner de l’élan » aux négociations. Pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C, il faudrait réduire chaque année les émissions de 7,6% en moyenne, entre 2020 et 2030, selon l’ONU. Et si 2020 a vu une baisse de cette ampleur en raison de la pandémie, un rebond est attendu. L’Agence internationale de l’énergie, notant la faible part des plans de relance consacrée aux énergies propres, prédit même des émissions record d’ici à 2023.

L’Organisation météorologique mondiale estime à 40% la probabilité que la température franchisse +1,5°C sur une année d’ici à 2025. Mais une seule année ne veut pas dire que l’objectif idéal de l’accord de Paris aura été durablement dépassé. Alors il faut continuer le combat, plaident les experts. Si nous dépassons +1,5°C, « ce n’est pas une raison pour dire : merde, on abandonne », insiste le climatologue Peter Thorne, l’un des auteurs du rapport. « Ce n’est pas un seuil magique qui déclenche Armageddon (…) Si on arrive à 1,7°C, c’est bien mieux que de dépasser 1,5°C, abandonner et aller jusqu’à 2,5°C ».

LQ/AFP

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