Plus l’ombre d’un masque ni d’un pass sanitaire, les bureaux ont repris vie et les concerts rassemblent des dizaines de milliers de fans: le Danemark tourne ce vendredi entièrement la page des restrictions visant à lutter contre le Covid-19.
L’Islande avait levé en juin toutes ses restrictions, mais avait dû en réintroduire quelques semaines plus tard du fait d’une reprise épidémique. Selon les bureaux européens de l’AFP, le Danemark est actuellement le seul pays du continent à être revenu « à la vie d’avant ». « Nous sommes définitivement à l’avant-garde au Danemark car nous n’avons plus aucune restriction, nous sommes passés de l’autre côté de la pandémie grâce au déploiement de la vaccination », a expliqué à l’AFP Ulrik Ørum-Petersen, promoteur chez Live Nation.
Samedi, l’organisateur de spectacles orchestre un concert à guichets fermés de 50.000 personnes, une première en Europe toujours plombée par les restrictions. Le 4 septembre déjà, Live Nation avait organisé un premier festival opportunément baptisé « retour à la vie », qui avait rassemblé 15.000 personnes à Copenhague.
« Etre dans la foule, chanter comme avant, ça m’a presque fait oublier le Covid-19 et tout ce qu’on a vécu ces derniers mois », a confié Emilie Bendix, une jeune femme de 26 ans, qui s’est rendue au concert. Introduit en mars comme corollaire de la réouverture, le « coronapas » n’était plus obligatoire que dans les boîtes de nuit depuis le 1er septembre, une exigence levée ce vendredi.
« Notre objectif, c’est la libre circulation (…), ce qui va donc se passer c’est que le virus aussi va circuler et qu’il va trouver ceux qui ne sont pas vaccinés », a prévenu à l’AFP l’épidémiologiste Lone Simonsen, professeur à l’Université de Roskilde (est). « Si le virus n’est plus une menace pour la société, c’est uniquement grâce au vaccin », a insisté Mme Simonsen.
Le Danemark n’a pas eu de mal à convaincre sa population des bénéfices de la vaccination. Résultat: 73% des 5,8 millions de Danois sont aujourd’hui complètement vaccinés, et 96% des 65 ans et plus. Avec autour de 500 nouveaux cas quotidiens et un taux de reproduction du virus de 0,7, les autorités danoises estiment l’épidémie sous contrôle, même si ce retour à la vie d’avant doit être couplé au strict respect des mesures d’hygiène et de l’isolement des malades.
Confiance
« Le quotidien redevient en gros le même, mais cela ne signifie pas qu’il n’y a plus de danger à l’horizon », a souligné vendredi matin le ministre de la Santé Magnus Heunicke. « Si l’on regarde ces derniers 18 mois, le virus a muté plusieurs fois, donc je ne peux rien garantir (…) Mais avec tant de gens vaccinés, nous sommes dans une bonne position », a-t-il fait valoir au micro de la télévision TV2.
La seule restriction concerne l’entrée dans le pays nordique: elle reste sujette à la présentation d’un passeport sanitaire et/ou d’un test négatif, et le port du masque est obligatoire dans les aéroports. « Ca a été deux années dures, j’ai trois enfants et avec l’école à la maison ça a été beaucoup de journées difficiles, donc c’est vraiment agréable », témoigne Klaus Sylvester, un des Danois interrogés par l’AFP vendredi à Copenhague. « C’est fantastique parce que le soleil brille, on peut aller voir un match ou un concert au stade, ça libère en fait », témoigne ce journaliste de 41 ans.
Pour l’OMS Europe, le Danemark s’est distingué par la relation de confiance entre les autorités et la population sur la stratégie déployée. Même si « chaque pays se doit de rester vigilant si et quand la situation épidémiologique change », selon Catherine Smallwood, chargée des situations d’urgence.
Le Danemark compte suivre de près le nombre des hospitalisations – à peine 130 pour le moment – et procéder à un séquençage minutieux des tests, une de ses grandes forces ces derniers mois pour contrôler l’évolution du virus. Une troisième dose est aussi proposée aux plus vulnérables depuis jeudi.
« Bien sûr si quelque chose arrive et que nous aurons besoin de restrictions, je les suivre sans problème à nouveau, mais je suis assez confiant que ce ne sera pas nécessaire, je l’espère en tout cas », explique à l’AFP Mikael Weiling, un architecte de 39 ans.
LQ/AFP