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Attentats de Boston : Djokhar Tsarnaev condamné à mort


Image fournie par la justice américaine, présentée aux jurés à Boston le 23 mars 2015, de Djokhar Tsarnaev (Photo : AFP)

Deux ans après les attentats du marathon de Boston, leur auteur Djokhar Tsarnaev, 21 ans, a été condamné à mort vendredi par un jury populaire américain.

Le jeune musulman d’origine tchétchène n’a montré aucune réaction particulière quand le verdict a été lu dans la salle d’audience comble du tribunal fédéral de Boston (nord-est des Etats-Unis), en présence de nombreuses victimes.

Les jurés, qui avaient le choix entre peine capitale et réclusion à perpétuité, avaient délibéré pendant 14 heures.

Certaines victimes ont salué ce verdict, affirmant qu’il leur permettrait de «tourner la page». «Le jury a parlé et Djokhar Tsarnaev payera ses crimes de sa vie», s’est réjouie la procureure fédérale du Massachusetts, l’Etat où se trouve Boston, Carmen Ortiz. C’est une «punition adéquate», a aussi déclaré la ministre de la Justice Loretta Lynch.

Cette condamnation est passible de nombreux appels qui prendront des années, et Mme Ortiz a reconnu que ce serait «un long processus», jusqu’à l’exécution.

«Ma mère et moi pensons que maintenant il va disparaître et nous allons être capables de tourner la page. Justice. Comme il dit +Oeil pour oeil+» a déclaré sur Twitter, une victime, Sydney Corcoran, dont la mère avait été amputée des deux jambes après les attentats.

«Complètement sous le choc. J’attends avec impatience le jour où ce sera vraiment fini», a écrit une autre victime, Rebekah Gregory, amputée d’une jambe.

Condamnation rare

Le père de Tsarnaev, Anzor a lui déclaré depuis le Daguestan qu’il «se battrait jusqu’au bout. Nous espérions, et nous espérons toujours. C’est dur», a-t-il dit à ABC.

Les condamnations à mort fédérales sont rares aux Etats-Unis: c’est la 39e depuis 2004. Les exécutions fédérales le sont encore plus: quatre seulement depuis 1963.

Tsarnaev avait été reconnu coupable le 8 avril dernier, et 17 des 30 chefs d’accusation retenus étaient passibles de la peine de mort. Les jurés ont été unanimes pour six de ces chefs d’accusation.

S’agissant d’un acte grave de terrorisme, il relevait de la justice fédérale, dans un Etat qui a aboli la peine de mort depuis 1984 et où personne n’a été exécuté depuis 1947.

Les attentats du marathon avaient fait trois morts, dont un enfant de 8 ans, et 264 blessés, dont 17 ont été amputées, quand deux bombes artisanales avaient explosé quasi simultanément dans la foule, près de la ligne d’arrivée. Djokhar Tsarnaev avait déposé les bombes avec son frère Tamerlan, décédé quatre jours plus tard lors d’une confrontation avec la police.

Les procureurs l’avaient décrit comme un terroriste sans remords à la fin du procès mercredi.

La défense, qui n’a fait aucune déclaration après le verdict, avait plaidé à l’inverse les circonstances atténuantes, demandant la réclusion à perpétuité pour un «enfant perdu», sous l’influence de son frère aîné Tamerlan, auto-radicalisé.

« Un crime politique »

Seulement trois jurés ont estimé dans le verdict que Djokhar était effectivement sous l’influence de son aîné.

Le procureur Steve Mellin avait rappelé les souffrances «épouvantables» des victimes, les familles qui ne s’en remettront jamais. Il avait aussi rappelé l’inscription ensanglantée découverte à l’intérieur du bateau où Tsarnaev avait été retrouvé, qui expliquait qu’il voulait venger les guerres américaines en Irak et Afghanistan, et les musulmans innocents tués.

«Ce n’était pas un crime religieux (…) C’était un crime politique visant à intimider les Etats-Unis», a déclaré vendredi la procureure Ortiz.

La défense avait insisté sur le passé déraciné de Tsarnaev, né au Kirghizistan, ayant ensuite vécu au Daguestan, avant d’arriver aux Etats-Unis à l’âge de 8 ans. C’était le plus jeune de quatre enfants, «invisible» dans une famille où sa mère et son frère aîné, qu’il adorait, s’étaient radicalisés, et où le père était malade mental, avait souligné l’avocate Judy Clarke, pour qui le verdict est le premier gros échec de sa carrière.

Cette célèbre avocate, opposée à la peine de mort, l’a depuis 20 ans évitée à plusieurs condamnéscélèbres aux Etats-Unis, dont l’auteur de l’attentat des jeux Olympiques d’Atlanta en 1996, Eric Rudolph, l’«Unabomber» Ted Kaczynski, et le Français Zacarias Moussaoui en liaison avec le 11-Septembre.

Certains jurés ont reconnu vendredi des circonstances atténuantes à Tsarnaev, comme la maladie de son père et la radicalisation de sa mère, mais sans infléchir le verdict.

Ils ont aussi reconnu que Djokhar, qui à l’époque était étudiant et avait obtenu la nationalité américaine en 2012, n’avait pas de passé judiciaire, et avait des amis et des tantes en Russie qui l’aimaient.

«Djokhar Tsanev n’était pas le pire du pire, et c’est à cela qu’est réservée la peine de mort», avait plaidé Judy Clarke, soulignant aussi que la réclusion à perpétuité, dans une prison de très haute sécurité, éviterait d’en faire un martyr.

Outre les trois morts du marathon, il avait été également reconnu coupable de la mort d’un policier tué trois jours plus tard dans sa voiture.

AFP