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Attentat sur un marché de Bagdad : un sanglant message de Daech


Au moins 36 personnes sont mortes et une soixantaine blessées. (photo AFP)

Des familles effondrées enterrent leurs morts mardi, au lendemain d’un attentat sur un marché populaire de Bagdad ayant fait une trentaine de décès, en majorité des femmes et des enfants, et qui a été revendiqué par Daech.

Des avis de décès, certains affichant les jeunes visages d’adolescents, étaient placardés dans les rues de Sadr-City, immense banlieue chiite déshéritée à l’est de Bagdad, où se tenaient les premières funérailles.

L’attentat s’est produit lundi en fin de journée sur un marché populaire où se pressaient des familles faisant leurs courses à la veille de la fête musulmane du Sacrifice, et a été revendiqué par Daech, soulevant des inquiétudes sur la capacité de l’organisation jihadiste, officiellement vaincue, à frapper en plein cœur de l’Irak. Dans sa revendication sur Telegram, le groupe jihadiste a affirmé qu’un kamikaze avait fait détoner sa ceinture d’explosifs. Aucun bilan officiel n’a été donné mais, selon des sources médicales, au moins 36 personnes sont mortes et une soixantaine blessées.

Quelques heures après le carnage, on pouvait encore voir des éclaboussures de sang sur le sol et les étals, des centaines de sandales éparpillées au milieu des fruits et légumes. Mardi en fin de matinée, des habitants encore sous le choc nettoyaient les lieux.

Dans un communiqué mardi, le Premier ministre Moustafa al-Kazimi a promis que « le terrorisme ne resterait pas impuni », et que « les auteurs seraient poursuivis où qu’ils se cachent ». « Les criminels, avec leurs actions désespérées, veulent créer le chaos », a-t-il ajouté, avant d’assurer que « ce lâche attentat illustre l’échec des terroristes à reprendre pied après avoir été défaits par nos héroïques forces de sécurité ».

« Faiblesse des forces de sécurité »

L’attentat intervient alors que le Premier ministre est attendu à Washington en fin de semaine pour rencontrer Joe Biden, et dans un contexte politique déliquescent à quelques mois des élections législatives prévues en octobre.

« À l’approche des élections, les opérations terroristes visent à envoyer le message que le système politique irakien est fragile et défaillant. L’attaque entend prouver que l’organisation existe toujours et est capable d’atteindre ses cibles dans Bagdad », a estimé le président de l’Association irakienne des Sciences politiques, Ossama Saidi.

Daech qui a contrôlé de vastes portions du territoire irakien entre 2014 et 2017, a été officiellement vaincue par les troupes irakiennes appuyées par une coalition internationale antijihadiste dirigée par les États-Unis. Mais des cellules sont cependant toujours présentes dans le pays notamment dans les zones montagneuses et désertiques, et revendiquent des attaques ponctuelles. En janvier déjà, un attentat perpétré par deux kamikazes sur un marché de Bagdad avait fait 32 morts, et avait été revendiqué par Daech. En avril, un civil avait été tué dans une explosion à Sadr City mais les autorités n’ont jamais confirmé qu’il s’agissait d’un attentat. Et en mai, des attaques non revendiquées mais attribuées à Daech avaient visé des militaires, notamment près de Bagdad, faisant 18 morts.

Pour l’analyste irakien Jassem al-Moussaoui, l’attentat du marché de Sadr City met en lumière « la faiblesse des forces de sécurité, qui n’ont pas été formées sur des bases professionnelles, mais en fonction de leurs loyautés politiques », et qui sont « incapables d’anticiper les mouvements des terroristes ». Sadr City, proche banlieue populaire de Bagdad, est le fief du puissant leader chiite Moqtada Sadr, dont l’influence est souvent déterminante dans la politique irakienne. Ce dernier n’avait pas encore réagi mardi.

LQ/AFP