L’enquête sur l’attentat des Champs-Elysées, qui a coûté la vie à un policier, se concentrait vendredi, à l’avant-veille de l’élection présidentielle, sur le profil de l’assaillant dont trois proches étaient entendus en garde à vue.
Un policier a été tué dans la fusillade jeudi soir, portant à 239 le nombre de morts dans des attentats en France depuis 2015. L’agresseur a ensuite été abattu après avoir blessé deux autres policiers –dont l’un grièvement par une balle qui a touché son bassin–, ainsi qu’une touriste allemande, a précisé une source policière.
François Hollande s’est rendu au chevet du policier le plus sérieusement atteint, après avoir présidé un Conseil de défense vendredi. Il est ensuite allé à la préfecture de police après avoir promis la veille une « vigilance absolue » pour sécuriser la présidentielle. Plusieurs candidats ont annulé leurs déplacements prévus vendredi.
L’attaque, vers 21 heures, a été aussitôt revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI): Il s’agit du combattant « Abu Yussef le Belge », affirme un communiqué de son organe de propagande Amaq.
Or, selon des sources proches de l’enquête, l’assaillant est un Français de 39 ans, Karim Cheurfi, qui faisait l’objet d’une enquête antiterroriste. Cela pose donc la question de savoir si l’EI a revendiqué l’attentat avec le nom de l’assaillant des Champs-Elysées.
D’autant qu’un avis de recherche belge, visant un homme portant le même prénom que celui de la revendication de l’EI, avait été transmis jeudi « aux services français ». Et cet homme s’est présenté vendredi matin dans un commissariat d’Anvers, a affirmé le porte-parole du ministère de l’Intérieur Pierre-Henry Brandet.
Karim Cheurfi, qui avait manifesté son intention de tuer des policiers, avait été arrêté le 23 février puis relâché le lendemain, la justice estimant ne pas disposer d’assez d’éléments, selon des sources proches de l’enquête. Il avait déjà été condamné en 2005 à quinze ans de réclusion pour tentatives d’homicide volontaire notamment sur un policier en Seine-et-Marne.
Une perquisition a été menée jeudi soir à Chelles, dans ce département, au domicile de l’assaillant, titulaire de la carte grise du véhicule utilisé pour l’attaque. Il semble avoir agi seul mais l’enquête devra déterminer s’il a bénéficié de complicités, selon le procureur de la République de Paris, François Molins.
Salim, un ami de la famille, le décrit comme un type qui « a un grain » et « a passé une bonne partie de sa vie en prison ». Pour un voisin, qui dit le connaître depuis une vingtaine d’années, « ses actes, ses réactions, sa façon de marcher, son attitude étaient en décalage, comme s’il venait de Mars ».
Jeudi il était arrivé en voiture, dans laquelle a été retrouvé un fusil à pompe, deux gros couteaux et un sécateur, selon une source proche de l’enquête. « Il est sorti. Il a ouvert le feu sur un car de police à l’arme automatique, a tué l’un des policiers et a essayé de s’en prendre aux autres en courant », avait raconté une source policière. Le quartier a été bouclé et d’importantes forces de police déployées sur la plus célèbre artère de la capitale.
Vendredi matin, sur les Champs-Elysées, touristes et commerçants restaient anxieux.
« On est sous le choc mais il faut continuer à vivre normalement. On est en sécurité nulle part », a déclaré à l’AFP Delphine Sousa, 55 ans, qui travaille dans le quartier.
« On est un peu effrayés. Mais le réceptionniste de l’hôtel nous a dit que tout allait bien, que tout était réglé », dit Yue Wu, une touriste chinoise de 24 ans devant l’Arc de Triomphe.
La présidentielle, très indécise, se tiendra sous le régime de l’état d’urgence, instauré dans la foulée des attentats du 13 novembre 2015. « Rien ne doit entraver (le) rendez-vous démocratique » de la présidentielle, a déclaré le Premier ministre Bernard Cazeneuve.
« Dimanche constitue pour nous une journée de tous les dangers », a rappelé Céline Berthon, secrétaire générale du syndicat des commissaires de police (SCPN), affirmant sur Europe1 que « le maximum sera fait ».
Les derniers attentats meurtriers remontent à l’été, à Nice (86 morts) et Saint-Etienne-du-Rouvray (un prêtre égorgé). Un policier et sa compagne avaient été tués en juin en région parisienne, devenant le symbole des forces de l’ordre particulièrement visées par les jihadistes.
Un nouvel attentat a été déjoué mardi selon les autorités avec l’arrestation à Marseille de deux hommes soupçonnés de préparer « une action violente » en pleine période électorale.
Le Quotidien / AFP