Une semaine après l’attentat suicide à Manchester, la police britannique a arrêté lundi un 14e suspect et les services de renseignement enquêtaient sur la façon dont ont été traités plusieurs signalements de Salman Abedi avant qu’il ne passe à l’acte.
L’émotion restait vive dans cette grande ville du nord-ouest de l’Angleterre. Une procession traditionnelle anglicane, dans la matinée de ce jour férié, a commencé par l’énumération des noms des 22 personnes tuées, dont sept mineurs, avant une minute de silence puis une fanfare joyeuse dans les rues du centre. Dans la soirée, un rassemblement est prévu pour 20h31 précises, soit une semaine pile après l’explosion, sur la place St Ann tapissée de milliers de fleurs, devenue emblématique du chagrin des Mancuniens.
A l’aube, la police a arrêté un nouveau suspect, un homme de 23 ans, à Shoreham-on-Sea dans le Sussex (sud). Des complices ayant participé à la préparation de cet attentat, revendiqué par Daech, pourraient toujours être en fuite, a rappelé le gouvernement dimanche. Parallèlement, le MI5 (renseignement intérieur) a ouvert une enquête sur d’éventuels dysfonctionnements au sein du renseignement, puisqu’au moins à trois reprises, des signes de radicalisation du kamikaze avaient été signalés aux autorités. Mais la ministre britannique de l’Intérieur, Amber Rudd, a mis en garde contre toute « conclusion hâtive » suggérant que les services « auraient loupé quelque chose ». « Beaucoup d’informations sortent sur ce qui s’est passé, comment cela s’est passé, ce qu’on aurait su ou pas su avant », a-t-elle déclaré lundi sur Sky News. « C’est tout à fait pertinent que le MI5 regarde de plus près afin d’établir les faits », mais il est trop tôt pour arriver à « la moindre conclusion pour l’instant ». Dans la foulée de l’attentat, des responsables cités dans la presse britannique ont été prompts à rappeler qu’environ 500 enquêtes antiterroristes étaient ouvertes, concernant 3 000 personnes.
Sécurité au cœur de la campagne
Salman Abedi, un Britannique d’origine libyenne de 22 ans, s’est fait exploser à la sortie d’un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande à la Manchester Arena. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier au Royaume-Uni depuis les attaques dans les transports londoniens en 2005 qui avaient fait 52 morts. Au total, 1 000 enquêteurs sont mobilisés pour analyser plus de 800 pièces à conviction (dont 205 documents numériques) et près de 13 000 heures de vidéo-surveillance ont été visionnées, a expliqué la police. Grâce aux progrès de l’enquête, le niveau d’alerte terroriste au Royaume-Uni a été abaissé samedi de « critique » à « grave », signifiant qu’un attentat est « très probable » mais non plus « imminent ».
L’attentat a mis la sécurité au cœur de la campagne pour les législatives du 8 juin, qui a repris vendredi après avoir été suspendue au lendemain de l’attentat. La lutte contre le terrorisme devrait occuper une bonne partie de l’émission télévisée lundi soir au cours de laquelle Theresa May et le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn seront, chacun à leur tour, interrogés par le public.
Le Quotidien/AFP
Passé par Dusseldorf
Samedi soir, la police avait lancé un appel à témoin, diffusant deux photos de Salman Abedi issues d’images de vidéo-surveillance le montrant le soir de l’attaque. Lunettes sur le nez, sac à dos, il porte une casquette et une doudoune noire. La police cherche à reconstituer les faits et gestes du kamikaze depuis le 18 mai, date de son retour au Royaume-Uni après un séjour en Libye. La police allemande a quant à elle souligné qu’il avait fait escale en Allemagne, à Dusseldorf, à ce moment-là.
Salman Abedi avait loué un appartement dans le centre de Manchester, d’où il s’est rendu à l’Arena. « Ce pourrait bien être l’endroit où a été assemblé l’engin » explosif utilisé pour l’attentat, avait déclaré la police.