La police britannique a refusé samedi d’exclure la piste de plusieurs suspects après l’arrestation d’un homme de 18 ans en lien avec l’attentat à la bombe commis la veille dans le métro londonien, dans un niveau d’alerte maximal.
« À ce stade, nous examinons encore la possibilité de savoir si une seule personne est responsable de l’attaque », a déclaré Neil Basu, un responsable de l’antiterrorisme au sein de la police londonienne, samedi soir lors d’un point presse. « Notre priorité (…) est d’identifier et localiser tout autre suspect potentiel », a-t-il ajouté.
Vers 7h50 samedi, la police a arrêté un homme de 18 ans pour son implication présumée dans « la perpétration, la préparation ou l’instigation d’un acte de terrorisme », a-t-il dit, après l’explosion d’une bombe artisanale qui a fait 30 blessés. Cette arrestation, qualifiée de « très importante » par la police, est intervenue dans la zone de départ du port de Douvres, un point de transit vers l’autre rive de la Manche.
Elle a entraîné l’évacuation partielle du port vers 11h40 afin de permettre « de fouiller les lieux par mesure de précaution ». Cette opération a permis à la police de mettre la main sur « plusieurs objets », tandis que le suspect a été transféré dans un commissariat de Londres, a détaillé M. Basu.
Dans un message télévisé diffusé à l’issue d’une réunion d’urgence du gouvernement, la ministre de l’Intérieur, Amber Rudd, a souligné samedi qu’il était « beaucoup trop tôt » pour dire s’il était connu des forces de l’ordre, comme l’avait affirmé la veille Donald Trump sur Twitter. Les propos du président américain avaient déjà fâché la Première ministre Theresa May.
Perquisition en cours
« C’est une enquête qui avance très vite. Nous avons réalisé des progrès considérables (…) et nous continuerons à faire de notre mieux pour réduire les menaces dans ce pays », a déclaré la patronne de la police londonienne, Cressida Dick, sur la BBC.
La police a également partiellement évacué samedi un quartier résidentiel de Sunbury-on-Thames, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Londres, établissant un cordon de sécurité d’un rayon de 100 mètres autour d’une maison où une perquisition était en cours depuis le début de l’après-midi.
« J’étais à la maison avec mes enfants quand la police a frappé à la porte et nous a demandé de partir », a raconté une habitante, Mojgan Jamali, à l’agence Press Association. « Ils ont dit: ‘vous avez une minute pour sortir de la maison' ».
L’attentat – le cinquième en six mois au Royaume-Uni – est survenu vendredi dans une rame en pleine heure de pointe, vers 8h20, dans la station de Parsons Green, située dans un quartier aisé du sud-ouest de Londres. Qualifié de « terroriste » par la police et commis au moyen d’un engin explosif artisanal, il a été revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique.
Craignant une autre attaque « imminente », le centre britannique d’analyse du terrorisme a maintenu samedi à « critique » le niveau d’alerte terroriste, relevé la veille à ce maximum pour la deuxième fois en quelques mois.
1 000 policiers
Theresa May a annoncé, dans un message télévisé vendredi, que des militaires seraient déployés sur des sites clés non accessibles au public pour permettre un renforcement de la présence de policiers dans les endroits publics, notamment les transports, les endroits très fréquentés et les sites touristiques.
En tout, 1 000 policiers seront redéployés à travers le pays, tandis qu’autant de militaires ont été affectés depuis samedi sur des sites stratégiques comme des centrales nucléaires ou des infrastructures clés, selon le ministère de la Défense.
Le bilan de l’attentat aurait pu être bien pire, selon Theresa May, qui a estimé vendredi que « l’engin explosif était destiné à faire d’énormes dégâts ».
Des photos diffusées sur Twitter montraient un seau blanc en train de brûler mais peu abîmé, dans un sac de congélation de supermarché LIDL à l’intérieur d’un wagon du métro, à proximité des portes automatiques, et dont sortaient des fils électriques. Un témoin, Peter Crowley, avait dit avoir vu « une boule de feu ».
Les restes de la bombe sont examinés par des scientifiques, selon la police. Interrogée par l’AFP, celle-ci n’a pas souhaité commenter des informations de médias britanniques selon lesquelles le retardateur de la bombe n’avait pas fonctionné, et l’engin contenait des clous et du TATP, un explosif prisé des jihadistes.
Le Royaume-Uni a été frappé ces derniers mois par une vague d’attaques qui ont fait 35 morts, dans un contexte de multiplication des attentats jihadistes en Europe.
Le Quotidien/AFP