Les empreintes digitales de l’auteur présumé de l’attentat au camion-bélier de Berlin, un Tunisien en fuite, ont été retrouvées dans la cabine du poids lourd, a annoncé jeudi le ministre allemand de l’Intérieur.
« Des empreintes digitales ont été retrouvées dans la cabine », a déclaré Thomas de Maizière, affirmant que des indices prouvaient que le principal suspect, Anis Amri, était « selon toute probabilité vraiment l’auteur » de cet attentat qui a fait 12 morts lundi soir sur un marché de Noël berlinois.
De son côté, la chancelière Angela Merkel s’est dite « très fière » du calme manifesté par les Allemands après cet attentat, le premier d’une telle ampleur en Allemagne revendiqué par Daech. « Je suis convaincue que nous surmonterons l’épreuve dans laquelle nous nous trouvons », a souligné la dirigeante après une visite dans des bureaux de la police judiciaire à Berlin pour faire le point sur l’enquête.
Les enquêteurs ont lancé un mandat d’arrêt européen à l’encontre d’Anis Amri, bien connu de la police, alors qu’un document d’identité le concernant a été retrouvé dans la cabine de ce camion immatriculé en Pologne et probablement volé. Outre les empreintes digitales, « il y a aussi des indices supplémentaires » qui appuient l’hypothèse que Anis Amri a précipité le camion dans les petits chalets de bois de ce marché de Noël très fréquenté, dont la réouverture a eu lieu jeudi matin.
Le Quotidien/AFP
La famille Amri ne veut pas y croire
En état de choc, la famille d’Anis Amri affirme qu’il avait quitté sa ville pauvre de Tunisie avec l’espoir de trouver une vie meilleure en Europe.
Devant le domicile familial, dans un quartier populaire de Oueslatia, Abdelkader, les yeux rougis, raconte la trajectoire de son frère, le benjamin de la famille, visé par un mandat d’arrêt à l’échelle européenne. En mars 2011, Anis Amri a quitté illégalement la Tunisie par la mer vers l’île italienne de Lampedusa, fuyant une condamnation par contumace de quatre ans de prison pour vol et cambriolage. Un responsable sécuritaire local a confirmé ces informations.
Outre la condamnation, « Anis est aussi parti pour fuir la misère. Il n’avait aucun avenir en Tunisie et il voulait à tout prix améliorer la situation financière de notre famille qui vit en-dessous du seuil de pauvreté comme la majorité des habitants de Oueslatia », poursuit Abdelkader. « Il vivait comme tous les jeunes, il buvait (…) il ne faisait ni prière, ni rien du tout », détaille Walid, un autre membre de cette fratrie nombreuse.
Arrivé en Italie, Anis est placé dans un centre comme d’autres clandestins puis condamné à quatre ans de prison pour avoir incendié un bâtiment. « En 2015, il s’est installé en Allemagne où il a essayé de régler sa situation. Il a notamment travaillé au noir dans les champs », selon Abdelkader. « Il nous contactait via Facebook, il nous disait qu’il voulait rentrer en Tunisie mais qu’il devait avant gagner un peu d’argent (…) Dix jours avant l’attentat, il nous avait dit qu’il comptait rentrer au bled en janvier », assure Walid.
C’est la dernière fois que la famille dit avoir été en contact avec lui. « Il rigolait. Rien ne montrait qu’il ait pu se radicaliser. Je suis sûr qu’il n’a pas commis une chose pareille. Il n’a pas émigré pour ça ! », lance Abdelkader, avant de fondre en larmes en se rappelant qu’Anis a eu 24 ans ce jeudi.