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Attentat à Nice : minute de silence à midi en hommage aux victimes


De nombreuses personnes rassemblées en hommage aux victimes de l'attentat le 17 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais à Nice. (Photo : AFP)

Le temps se figera lundi à midi en France et particulièrement sur la Promenade des Anglais à Nice, pour une minute de silence en hommage aux victimes de l’attentat du 14 juillet.

L’enquête, elle, progresse avec toujours six personnes en garde à vue. Malgré le deuil national de trois jours, qui s’achève lundi, la polémique fait rage entre le gouvernement et l’opposition de droite et d’extrême droite sur la politique antiterroriste mise en œuvre depuis les attentats de 2015.

Les liens entre Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et «les réseaux terroristes», notamment le groupe jihadiste État islamique qui a revendiqué l’attaque, «pour l’instant ne sont pas établis par l’enquête», a déclaré lundi le ministre de l’Intérieur. «Le mode opératoire emprunte totalement à ce que sont les messages de Daech», acronyme arabe de l’État islamique, a toutefois ajouté Bernard Cazeneuve. «On ne peut pas exclure qu’un individu déséquilibré et très violent (…) ait été à un moment, dans une radicalisation rapide, engagé dans ce crime absolument épouvantable».

Avant la minute de silence, que François Hollande suivra au ministère de l’Intérieur, le chef de l’État présidait à partir de 09h00 un troisième Conseil de défense et de sécurité à l’Élysée depuis l’attentat, qui a fait 84 morts, dont 10 enfants et adolescents, et plus de 300 blessés. Selon Bernard Cazeneuve, 58 personnes étaient encore hospitalisées lundi matin dont 29 sont en réanimation. A Nice, ce moment de recueillement sera observé au monument du Centenaire, sur la Promenade des Anglais, où des «moyens exceptionnels supplémentaires» seront mobilisés pour la sécurité. La célèbre avenue sera ensuite totalement rouverte.

Six personnes en garde à vue

L’enquête concernant Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a quant à elle progressé, sur la recherche de possibles complicités et sur sa personnalité. Six personnes sont encore en garde à vue et une septième a été relâchée dans la nuit de dimanche à lundi. Trois de ces six personnes ont été transférées à Levallois-Perret, près de Paris, pour être interrogées dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a indiqué une source judiciaire.

Un homme de 37 ans, membre de l’entourage du tueur, et un couple d’Albanais ont été arrêtés dimanche à Nice. L’homme de ce couple, âgé de 38 ans, est soupçonné d’avoir fourni le pistolet qui a servi au chauffeur-livreur le soir du drame. Un des quatre hommes de l’entourage du tueur arrêtés vendredi et samedi, âgé de 22 ans, est aussi soupçonné d’avoir fourni un soutien logistique, ce qu’il conteste.

Selon des sources policières, au moins une personne a évoqué en garde à vue un basculement «récent» vers «l’islam radical» de Lahouaiej-Bouhlel, un homme violent qui n’affichait jusqu’à il y a peu aucun intérêt particulier pour la religion. L’attaque de Nice a été revendiquée par l’organisation État islamique, comme les attentats parisiens du 13 novembre, les plus meurtriers jamais commis en France avec 130 morts.

Jeudi soir, peu avant de foncer au volant d’un camion dans la foule qui venait d’assister au feu d’artifice de la fête nationale sur la Promenade des Anglais, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait envoyé un SMS «se félicitant de s’être procuré un pistolet 7.65 et évoquant la fourniture d’autres armes», selon des sources proches du dossier. Les 12 et 13 juillet, le tueur, jamais signalé pour radicalisation mais connu pour des violences, avait fait des repérages sur la Promenade des Anglais avec le poids lourd, réservé dès le 4 juillet.

Le Tunisien de 31 ans «s’est également pris en photo au volant du camion» entre sa location le 11 juillet et le soir du carnage, avant de l’envoyer par SMS. Les enquêteurs s’attèlent à «identifier l’ensemble des destinataires» des messages.

Tensions politiques exacerbées

L’attentat de Nice a relancé la polémique sur la politique antiterroriste du gouvernement. «Tout ce qui aurait dû être fait depuis 18 mois ne l’a pas été», a déclaré dimanche soir l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy. La présidente du FN, Marine Le Pen, avait dénoncé samedi les «carences gravissimes de l’Etat» dans la protection des Français. Bernard Cazeneuve l’a accusée de tendre «la main à la division» voulue par les jihadistes. Son seul discours est de «pointer les musulmans de France», a-t-il poursuivi, qualifiant d’«indignes» les polémiques «dans le contexte».

Les Français semblent toutefois douter de la capacité de l’exécutif à contrer la menace. Dans un sondage à paraître lundi dans le Figaro, 99% des personnes interrogées estiment que celle-ci est «élevée» ou «très élevée» et seulement 33% d’entre elles font confiance à François Hollande et au gouvernement pour faire face et lutter contre le terrorisme. Les 34 premiers permis d’inhumer ont été délivrés dimanche, a annoncé le parquet de Paris, ce qui permettra d’engager la restitution des corps. Deux nouvelles victimes ont été identifiées: un Américain, Nicolas Leslie, 20 ans et étudiant à l’université de Berkeley, et une Brésilienne, Elizabeth Cristina de Assis Ribeiro. Sa fille, Kayla, 6 ans, faisait déjà partie des morts.

Le Quotidien/AFP