Joe Biden s’envole ce jeudi pour Kenosha, dans l’État clé du Wisconsin, où il rencontrera la famille d’un homme noir grièvement blessé par la police, donnant, avec son premier grand voyage de campagne depuis des mois, un net coup d’accélérateur à 60 jours de la présidentielle américaine.
Alors que le candidat démocrate est resté pendant des semaines confiné chez lui à Wilmington, dans le Delaware, puis a limité ses déplacements de campagne à la région, son rival Donald Trump sillonnait les États-Unis, martelant un discours centré sur le retour de « la loi et l’ordre » devant les électeurs. Le président républicain ne sera d’ailleurs pas en reste jeudi soir, avec un discours prévu à Latrobe dans un autre État pivot, la Pennsylvanie.
Marquée par la pandémie qui a fait plus de 180 000 morts aux États-Unis, une profonde crise économique et une vague historique de colère contre le racisme, la campagne pour la présidentielle du 3 novembre cumule les facteurs inédits. Et si Joe Biden devance le milliardaire républicain dans les sondages, le suspense reste entier à la faveur de scores plus serrés dans les États clés, qui font et défont les victoires présidentielles aux États-Unis en basculant d’un parti à l’autre.
L’ancien vice-président de Barack Obama devrait rencontrer vers 14 h (17 h au Luxembourg) la famille de Jacob Blake, un Afro-Américain sur lequel un agent a fait feu à sept reprises, devant ses enfants, lors d’une interpellation filmée le 23 août. Cette affaire a provoqué une nouvelle vague de manifestations contre le racisme, et trois nuits d’émeutes. « Nous devons panser les plaies », a déclaré mercredi Joe Biden, 77 ans, qui dénonce sans relâche le « racisme institutionnel » tout en rejetant les violences.
Dès lundi, celui dont Donald Trump, 74 ans, moque sans relâche un « manque d’énergie » supposé avait donné le signal qu’il adoptait un rythme plus soutenu de campagne, avec un discours à Pittsburgh, en Pennsylvanie. Donald Trump l’a devancé à Kenosha, en visitant dès mardi cette ville de 100 000 habitants. Mais le républicain n’a pas rencontré les proches de Jacob Blake, hospitalisé et paralysé des pieds à la taille. Ni prononcé son nom. Se posant en défenseur de la sécurité des Américains face à des démocrates « radicaux », il a inspecté les ruines de magasins brûlés, remercié la police et assimilé à du « terrorisme intérieur » les manifestations violentes.
Tous les regards sont tournés vers cet État pivot
La tension à Kenosha a culminé le 25 août, quand un jeune homme de 17 ans a tiré au fusil semi-automatique sur trois manifestants, faisant deux morts. Son arrestation le lendemain a ramené un calme précaire. Donald Trump a refusé de condamner les actes de Kyle Rittenhouse, inculpé de meurtre avec préméditation. L’ancien vice-président démocrate et son épouse Jill Biden feront ensuite une autre étape dans le Wisconsin, qui n’a pas encore été révélée.
Donald Trump avait créé la surprise en 2016 en remportant de peu cet État du Midwest, où sa rivale Hillary Clinton n’avait pas fait campagne. Cette fois, tous les regards sont tournés vers cet État pivot. Bien conscients de son importance, les démocrates avaient choisi d’y organiser cet été leur convention d’investiture de Joe Biden. Mais elle a finalement été rendue entièrement virtuelle à cause de la pandémie. Les démocrates du Wisconsin s’inquiétaient grandement de l’absence de Joe Biden alors que dans ses campagnes comme dans ses villes, la mobilisation sera cruciale le 3 novembre.
Pendant ce temps, Donald Trump avait donné un discours en plein air dans le Wisconsin en pleine convention démocrate, et a voyagé dans plusieurs États clés ces dernières semaines. Son directeur de campagne a ironisé sur le revirement apparent de Joe Biden, qui avait expliqué ne pas faire campagne pour éviter la propagation du coronavirus. « Et puis les sondages se sont resserrés » dans les États clés, « nous savons que les motivations sont purement politiques », a déclaré Bill Stepien sur Fox News jeudi.
« J’aimerais sortir plus mais je pense qu’un président a la responsabilité de donner l’exemple » en respectant les gestes barrières, avait expliqué Joe Biden mercredi. Sa campagne en sourdine lui a en tout cas réussi jusqu’ici : le vétéran de la politique a annoncé mercredi avoir récolté 364,5 millions de dollars en août, un record.
LQ/AFP