Journée noire en Afghanistan, où le processus de paix entre Kaboul et les talibans semble fragilisé, après l’ordre donné aux forces gouvernementales de reprendre leur offensive contre les insurgés après deux attaques meurtrières, dont l’une, mardi, contre une maternité gérée par Médecins sans frontières.
Quatorze personnes ont été tuées par trois hommes armés dans un hôpital à Kaboul mardi matin. Quelques heures plus tard, au moins 24 personnes sont mortes lors d’une attaque suicide – revendiquée en soirée par le groupe État islamique – pendant des funérailles dans l’est du pays. Avant même toute revendication, le président afghan, Ashraf Ghani, a accusé les talibans et l’EI. « J’ordonne aux forces de sécurité (…) de reprendre leurs opérations contre l’ennemi », a-t-il alors annoncé lors d’une allocution télévisée mardi soir, afin de « défendre le pays ».
Les forces afghanes s’étaient engagées, depuis plusieurs mois, à se contenter de se défendre face aux attaques talibanes, afin d’encourager l’ouverture de négociations de paix. Les talibans ont eux intensifié leurs violences contre les forces afghanes depuis la signature d’un accord avec Washington fin février. Quatorze personnes, dont des nouveau-nés et des infirmières, ont été tuées dans l’attaque de l’hôpital de Kaboul, selon le ministère de l’Intérieur.
Le directeur général de l’OMS observe une minute de silence
Le bâtiment se trouve à Dasht-e-Barchi, un quartier habité par la minorité chiite Hazara, déjà plusieurs fois prise pour cible par l’EI. Quelques heures plus tard, au moins 24 personnes ont été tuées et 68 blessées par un kamikaze qui s’est fait exploser pendant des funérailles dans la province de Nangarhar, selon les autorités.
Les talibans ont démenti avoir participé à ces attaques, et n’en ont revendiqué aucune dans les grandes villes depuis la signature de l’accord en vue d’un retrait des troupes étrangères d’Afghanistan.
Le patron de l’OMS s’est dit horrifié, mercredi, par cette attaque meurtrière. « J’ai été choqué et horrifié d’apprendre qu’une attaque avait visé un hôpital de MSF en Afghanistan dans laquelle des infirmières, des mères et des bébés ont été tués », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, avant d’observer une minute de silence.
De son côté, Washington a condamné « dans les termes les plus forts » ces attaques « épouvantables », tout en appelant le gouvernement et les talibans à « coopérer » pour ramener la paix. Malgré les violences, Washington a cependant débuté le retrait de ses troupes, rendant encore plus incertain le futur de l’Afghanistan.
LQ/AFP
Médecins sans frontières Luxembourg dénonce une «attaque abjecte»
L’ONG a publié mercredi un communiqué pour dénoncer avec la plus grande force «l’attaque abjecte perpétrée hier contre des femmes enceintes, des mères et des bébés dans la maternité qu’elle gère au sein de l’hôpital Dasht-e-Barchi à Kaboul», qui a laissé ses équipes «dévastées». Médecins sans frontières souligne que cet «acte de violence lâche et insensé a coûté la vie à de nombreuses personnes et privé des femmes et des enfants d’un service de soins essentiels, dans un contexte où l’accès à ces soins est déjà limité».
Un collaborateur afghan de MSF ferait partie des personnes tuées, a indiqué mercredi un porte-parole de l’organisation. « Une femme a accouché pendant que l’attaque avait lieu. La mère et son bébé se portent bien », a par ailleurs précisé MSF.
Médecins sans frontières exprime sa «solidarité avec la population afghane» et déploie tous ses efforts, dit-elle, pour assurer «les soins de ses patients et des blessés, fournir un soutien psychologique au personnel et l’aide nécessaire aux familles des victimes». Les activités médicales de la maternité de Dasht-e-Barchi, ouverte par MSF en 2014 et qui compte 55 lits, sont cependant actuellement suspendues.