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Assassinat Kim : la Malaisie veut interroger un diplomate nord-coréen


Kim Jong-Nam (G), le 4 mai 2001, et Kim Jong-Un (D), le 10 mai 2016. (Photo : AFP)

Les policiers malaisiens qui enquêtent sur l’assassinat spectaculaire la semaine dernière à Kuala Lumpur du demi-frère en exil du leader de la Corée du Nord veulent interroger un diplomate nord-coréen, a annoncé mercredi la police.

Les enquêteurs soupçonnent cinq Nord-Coréens d’être impliqués dans cette attaque contre Kim Jong-Nam et souhaitent en interroger trois autres pour les besoins de l’enquête.

Parmi eux figurent le deuxième secrétaire à l’ambassade de Corée du Nord à Kuala Lumpur, Hyon Kwang Song, et un employé d’une compagnie aérienne nord-coréenne, Kim Uk Il, a déclaré à des journalistes le chef de la police nationale, Khalid Abu Bakar. «Nous avons écrit à l’ambassadeur pour obtenir l’autorisation d’interroger les deux. Nous espérons que l’ambassade nord-coréenne va coopérer et nous permettre de les entendre rapidement. Sinon, nous allons les contraindre à venir chez nous», a averti M. Khalid.

Kim Jong-Nam a été assassiné le 13 février à l’aéroport international de Kuala Lumpur où il s’apprêtait à prendre un vol pour Macao. Interrogé par des journalistes lui demandant si les cinq suspects nord-coréens avaient fomenté l’attaque perpétrée par deux femmes, Khalid a répondu que ces hommes étaient «très impliqués» dans l’assassinat.

Quatre d’entre eux ont fui la Malaisie le jour du crime et sont retournés à Pyongyang, tandis que le cinquième est en détention provisoire en Malaisie. Depuis le début de cette affaire digne d’un roman d’espionnage, la Corée du Sud pointe du doigt son voisin du Nord, citant un «ordre permanent» du numéro un nord-coréen Kim Jong-Un pour éliminer son demi-frère, et une tentative d’assassinat manquée en 2012, après que Kim Jong-Nam avait critiqué le régime le plus fermé au monde.

Entraînées pour tuer

Selon des images de vidéosurveillance de l’aéroport, Kim Jong-Nam a été approché par deux femmes, dont l’une l’attrape par derrière et semble lui appliquer un morceau de tissu au visage. Peu de temps après, l’homme âgé de 45 ans a demandé de l’aide au personnel de l’aéroport avant d’être conduit à l’hôpital et de décéder en cours de route. Le chef de la police a écarté des affirmations selon lesquelles les deux femmes auraient été dupées par des inconnus leur faisant croire qu’elles participaient à un jeu télévisé du style «caméra cachée», dont le but était d’asperger le visage de la victime d’un liquide inoffensif.

«Oui, bien sûr qu’elles savaient» que c’était une attaque au poison, a déclaré M. Khalid. «La dame s’éloignait vers les toilettes avec les mains en avant. Elle était parfaitement au courant que c’était toxique et qu’elle devait se laver les mains» après, a-t-il souligné. Les deux femmes, la Vietnamienne Doan Thi Huong, 28 ans, et l’Indonésienne Siti Aishah, 25 ans, ont été entraînées, répétant l’exercice à l’aéroport avant l’attaque, a souligné le chef de la police. Aishah a projeté sur son visage une substance toxique en premier, suivie par Huong, a détaillé Khalid.

Il a aussi observé que les enquêteurs étaient «très honnêtes» et que l’ambassade de Corée du Nord avait maintenant pour devoir de les aider. La Corée du Nord et la Malaisie se sont ouvertement affrontées autour des investigations, l’ambassadeur de Pyongyang récusant l’enquête et s’opposant à l’autopsie. Mais la Malaisie insiste sur le fait que le corps restera à la morgue tant qu’un membre de la famille ne se présentera pas pour l’identifier formellement par une comparaison ADN. Aucun proche de Kim Jong-Nam n’est venu jusqu’ici, a ajouté M. Khalid, laissant entendre que les rumeurs sur la présence en Malaisie du fils de la victime, Kim Han-Sol, étaient fausses.

Kim Jong-Nam, un temps pressenti pour être l’héritier du régime, était tombé en disgrâce après son arrestation en 2001 à l’aéroport de Tokyo avec un passeport falsifié de la République dominicaine. Il avait ensuite vécu en exil de fait avec sa famille, à Macao, à Singapour ou en Chine. Les annonces de purges, d’exécutions et de disparitions, certaines confirmées, d’autres non, sont fréquentes depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un fin 2011.

Le Quotidien/AFP