Le secrétaire d’Etat John Kerry a dit craindre mardi un retour à la Guerre froide après l’annonce par le président Vladimir Poutine du renforcement de l’arsenal nucléaire russe en riposte au projet américain d’installer des armes lourdes en Europe de l’Est.
« Bien sûr que cela m’inquiète », a déclaré le chef de la diplomatie américaine qui répondait à des journalistes au département d’Etat par vidéo conférence depuis son domicile de Boston (nord-est) où il est en convalescence après s’être cassé une jambe fin mai.
« Nous avons l’accord START », a rappelé John Kerry du nom du règlement historique de désarmement nucléaire scellé en 1991 entre les Etats-Unis et l’Union soviétique de l’époque.
« Nous essayons d’avancer dans le sens contraire. Nous avons eu une énorme coopération depuis les années 1990 en matière de destruction des armes nucléaires qui se trouvaient sur les anciens territoires de l’Union soviétique et personne ne veut que nous fassions marche arrière », a plaidé le secrétaire d’Etat.
« Personne ne veut, je crois, un retour à une sorte de statut de Guerre froide », a condamné John Kerry, favorable par principe au désarmement et grand sceptique devant toute forme d’escalade militaire.
Il était interrogé après que le président Poutine a annoncé que « cette année, plus de 40 nouveaux missiles balistiques intercontinentaux, capables de résister aux systèmes de défense antiaérienne les plus sophistiqués, seront déployés au sein des forces nucléaires russes ».
Le chef de l’Etat russe a également salué la mise en service sous peu d’un nouveau sous-marin lanceur d’ogives nucléaires, le « Vladimir Monomaque ». Ses déclarations sur les missiles ont suscité la condamnation immédiate de l’Otan. « C’est injustifié, c’est déstabilisant et dangereux », a dénoncé le secrétaire général Jens Stoltenberg.
Les déclarations de Vladimir Poutine surviennent après que le New York Times a révélé un projet à l’étude au Pentagone de déploiement d’armes lourdes dans des pays d’Europe de l’Est.
Se gardant de confirmer ce projet américain et préférant condamner la réaction russe, John Kerry a jugé que « personne ne devrait entendre ce genre d’annonce par un dirigeant d’un pays puissant et ne pas s’inquiéter de ses implications ».
Les relations américano-russes se sont dégradées comme jamais depuis la Guerre froide en raison du conflit en Ukraine. Ce qui n’empêche pas les deux géants de continuer à dialoguer, M. Kerry s’étant rendu par exemple en Russie en mai pour y rencontrer le président Poutine.
AFP