Mauricio Macri, élu dimanche président de l’Argentine, a affirmé lundi qu’il demanderait l’exclusion temporaire du Venezuela du marché commun sud-américain, le Mercosur, lors du sommet du 21 décembre, en raison de la « persécution des opposants politiques ».
« Nous allons faire comme nous avions dit pendant la campagne. Nous allons invoquer l’application de la clause démocratique contre le Venezuela afin de protester contre les abus et la persécution des opposants politiques », a expliqué le président libéral lors d’une conférence de presse.
Son attitude marque un tournant après douze ans de gouvernance de Nestor puis Cristina Kirchner, alliés indéfectibles du régime chaviste, et survient à deux semaines des élections législatives au Venezuela, pour lesquelles l’opposition part largement favorite.
Cette dernière, réunie dans une vaste coalition, la Table pour l’unité démocratique (MUD), a d’ailleurs salué l’élection de Macri, estimant lundi dans un communiqué qu’elle « s’apparente à la victoire imminente du peuple vénézuélien le 6 décembre prochain ».
Mauricio Macri « a montré une forte solidarité avec la cause démocratique vénézuélienne, que ce soit en demandant la liberté de nos prisonniers politiques ou en exigent que le régime vénézuélien renoue avec des standards minimums en matière de démocratie », a-t-elle ajouté.
« Clause démocratique »
Le président élu avait plusieurs fois déclaré lors de sa campagne qu’il demanderait aux pays membres du Mercosur d’appliquer la clause démocratique, qui prévoit l’exclusion temporaire, en cas de non-respect des règles démocratiques, d’un membre de cette alliance économique et douanière entre cinq pays (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay, Venezuela).
« Immédiatement après l’accession à la présidence, nous exigerons la libération de (l’opposant) Leopoldo Lopez et si (le président Nicolas) Maduro ne l’accepte pas, nous demanderons alors aux pays du Mercosur de discuter de l’éventuelle application de la clause démocratique », avait-il notamment assuré en octobre.
Leader de l’aile radicale de l’opposition, Leopoldo Lopez, économiste de 44 ans, a été condamné en septembre à plus de 13 ans de prison pour son rôle présumé dans les manifestations antigouvernementales entre février et mai 2014, qui avaient fait 43 morts selon le bilan officiel.
AFP
Quand l’Argentine bascule à droite
Le libéral Mauricio Macri, toute juste élu président de l’Argentine, fait face à de redoutables défis : relancer et réformer la 3e économie d’Amérique latine et construire une majorité pour gouverner, sa coalition étant minoritaire au Parlement. Après douze ans de politiques de gauche du Kirchnérisme, l’Argentine a basculé dimanche à droite.
« C’est la première fois depuis 1938 qu’un parti d’orientation conservatrice arrive au pouvoir de manière démocratique », souligne le politologue Gabriel Puricelli, faisant référence aux dictatures militaires qui ont jalonné le XXe siècle en Argentine.
M. Macri, 56 ans, a remporté la présidentielle lors d’un second tour inédit en Argentine, avec 51,4% des voix contre 48,6% à Daniel Scioli, le candidat soutenu par la présidente sortante Cristina Kirchner.
« C’est la première fois qu’un chef d’entreprise gagne une présidentielle en Argentine », observe un autre politologue Rosendo Fraga, et « la première fois qu’un chef de l’Etat vient du monde des sports ».
Avant d’être maire de Buenos Aires, M. Macri a conduit le prestigieux club de Boca Juniors à tous les succès.