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Arabie saoudite : le roi Salmane révoque le prince héritier, une première


Sur cette photo de 2012, le roi Salmane, alors prince héritier, est en discussion avec l'un de ses fils, le prince Mohammed ben Salmane, désormais second dans l'ordre de succession. (photo AFP)

Le roi Salmane d’Arabie saoudite a nommé mercredi un neveu prince héritier et rapproché l’un de ses fils du trône, renforçant le pouvoir de son clan alors que le pays est confronté à la guerre au Yémen, la rivalité avec l’Iran et la menace jihadiste.

Le remaniement à la tête du royaume, premier exportateur mondial de pétrole, confirme pour la première fois une percée de la deuxième génération de la dynastie des Al-Saoud et un net rajeunissement au sommet de la monarchie, selon des analystes.

Le changement est aussi marqué par le départ du prince Saoud Al-Fayçal, inamovible ministre des Affaires étrangères en poste depuis 40 ans. Il est remplacé par l’ambassadeur saoudien à Washington Adel al-Jubeir, 53 ans, recruté en dehors de la famille régnante.

Par un décret qui trace la succession pour les décennies à venir, le souverain saoudien a écarté l’héritier au trône, son demi-frère le prince Moqren, 69 ans, au profit du ministre de l’Intérieur Mohammed ben Nayef, 55 ans, jusqu’ici second dans l’ordre de succession.

Une première

C’est la première fois dans l’histoire du royaume qu’un prince héritier est écarté. Pourtant, sa position semblait verrouillée lorsque le 27 mars 2014, le précédent roi Abdallah avait nommé Moqren futur prince héritier, fonction présentée comme irrévocable. « Personne ne peut changer cette décision », affirmait le décret.

Le nouveau prince héritier Mohammed ben Nayef, neveu du roi, a en outre été désigné vice-Premier ministre et conservera ses fonctions de ministre de l’Intérieur. Mohammed ben Nayef, formé aux Etats-Unis, est le champion de la lutte contre Al-Qaïda, qui avait tenté de l’assassiner en 2009. Le prince Moqren, le plus jeune des 35 fils d’Abdel Aziz, fondateur du royaume saoudien, était devenu prince héritier après la mort du roi Abdallah, auquel a succédé le 23 janvier Salmane ben Abdel Aziz, 79 ans.

Une semaine après son intronisation, le nouveau roi avait déjà procédé à un important remaniement gouvernemental, en limogeant notamment deux fils d’Abdallah. Il avait alors désigné Mohammed ben Nayef futur prince héritier, c’est-à-dire second dans l’ordre de succession.

Cette position est désormais occupée par l’un des fils du nouveau roi, le prince Mohammed ben Salmane, âgé d’une trentaine d’années. Le prince conserve ses fonctions de ministre de la Défense et de président du Conseil économique et de développement.

« Phase dangereuse »

Sous la conduite du roi Salmane, l’Arabie saoudite mène une politique étrangère plus visible et plus marquée. Elle a pris le 26 mars la tête d’une coalition arabe qui mène une opération militaire au Yémen pour empêcher une rébellion chiite de prendre le contrôle de l’ensemble du pays, à la frontière sud du royaume. Cette rébellion est soutenue par l’Iran, rival régional de l’Arabie saoudite qui s’inquiète aussi du rapprochement de Washington avec Téhéran.

« Les changements sont destinés à favoriser une entente à la tête de l’État qui affronte une phase dangereuse (…) dans le bras de fer avec l’Iran », a déclaré l’analyste Abdelwahab Badrakhan, basé à Londres. Selon lui, « les deux nouveaux princes héritiers s’entendent bien avec les États-Unis » au moment où le royaume « a engagé une politique non-conventionnelle, militaire » et où il est « confronté à des dangers sécuritaires » à l’intérieur.

Mardi, les autorités saoudiennes ont annoncé avoir arrêté 93 suspects et déjoué des attentats attribués à des jihadistes du groupe Etat islamique, dont l’un visait l’ambassade américaine à Ryad.

Le Quotidien / AFP