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Après une semaine d’errance, les migrants de l’Aquarius à bon port en Espagne


Pour ces 450 hommes, 80 femmes, 89 adolescents et 11 enfants de moins de 13 ans, tous rêvant d'une vie meilleure en Europe, l'arrivée à Valence marque la fin d'une odyssée de 1 500 kilomètres. (photo AFP)

Les 630 migrants secourus par l’Aquarius, au centre cette semaine de vives tensions sur la politique migratoire de l’Europe, sont tous arrivés dimanche dans le port espagnol de Valence, épilogue d’une semaine d’errance en Méditerranée.

Amarré le premier avec 274 migrants dès l’aube, le navire des garde-côtes italiens Dattilo a été suivi par l’Aquarius, navire affrété par SOS Méditerranée et Médecins Sans Frontières (MSF), accueilli vers 8h30 avec 106 migrants à bord par des applaudissements nourris. Un autre navire militaire italien, l’Orione, a fermé la marche avec les 250 derniers migrants peu avant 11h.

Odyssée de 1 500 km

Pour ces 450 hommes, 80 femmes dont au moins sept enceintes, 89 adolescents et 11 enfants de moins de 13 ans, tous rêvant d’une vie meilleure en Europe, l’arrivée à Valence marque la fin d’une odyssée de 1 500 kilomètres.

Un voyage éprouvant durant lequel ils auront été le catalyseur des profondes fractures au sein de l’Union Européenne sur la question migratoire qui sera au centre du prochain conseil européen des 28 et 29 juin. « C’est la fin d’un voyage trop long », a déclaré David Noguera, président de MSF Espagne, en se félicitant que les migrants soient enfin « en lieu sûr » tout en tirant la sonnette d’alarme face au précédent « négatif » représenté par la fermeture des ports aux ONG de secours aux migrants.

Après un premier examen médical à bord des bateaux qui n’a révélé que des pathologies « mineures » comme des « brûlures », selon les autorités régionales, les migrants descendaient sur la terre ferme où leur situation doit être examinée au cas par cas par les autorités espagnoles. Un processus qui va prendre au total de longues heures. Des femmes enceintes et d’autres personnes nécessitant des soins ont été transférées vers des hôpitaux, selon la Croix Rouge, tandis que de premiers migrants ont déjà pu partir vers des hébergements provisoires.

Sur le port de Valence, une banderole clame « Bienvenue chez vous », dans différentes langues, alors que l’arrivée de l’Aquarius a déclenché un élan de solidarité. « Les gens se proposent pour tout ce qui se présente: servir de traducteur, offrir un logement », explique Johnson Tamayo, artiste de 51 ans, l’un des bénévoles mobilisés par la Croix-Rouge. « C’est un jour historique (…) Il y aura un avant et un après », a déclaré « Padre Angel », prêtre rebelle très connu en Espagne pour son travail auprès des plus démunis.

Matteo Salvini persiste et signe

Au total, le dispositif mis en place pour cet accueil exceptionnel mobilise 2 320 personnes dont un millier de bénévoles et 470 traducteurs. L’événement est ultra-médiatisé, avec plus de 600 journalistes accrédités venus de nombreux pays. Sur le port, la presse, qui n’aura pas accès aux migrants, est maintenue à environ 200 mètres du quai, conformément à la volonté des autorités de respecter l’intimité de chacun.

Tout juste arrivé au pouvoir, le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez avait offert lundi d’accueillir les migrants sauvés par l’Aquarius dans la nuit du 9 au 10 juin au large de la Libye et à qui l’Italie et Malte refusaient d’ouvrir leurs ports. Un geste « humanitaire » mais aussi « politique » pour Madrid, destiné à impulser une réponse européenne commune face à la crise migratoire.

Le refus de l’Italie et de son ministre de l’Intérieur Matteo Salvini (Ligue, extrême droite), homme fort du gouvernement, d’accueillir l’Aquarius a en effet plongé l’Europe dans une nouvelle crise sur la question migratoire et déclenché une passe d’armes diplomatiques entre la France et l’Italie. Si un déjeuner vendredi entre le président français Emmanuel Macron et le chef du gouvernement italien Guiseppe Conte a permis d’apaiser les tensions, Matteo Salvini a persisté et signé samedi en réitérant l’interdiction aux ONG d’accéder aux ports italiens. Avant d’indiquer dimanche espérer que l’Espagne « accueillera 66 000 autres (migrants) et que les Portugais, les Maltais et les autres pourront aussi en accueillir ».

Près d’un millier d’autres migrants sont arrivés vendredi et samedi dans le sud de l’Espagne, troisième porte d’entrée par la mer dans l’UE, à bord d’embarcations de fortune et quatre sont morts.

Le Quotidien/AFP