Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, met lundi ses troupes en ordre de bataille en vue de lancer dès vendredi l’adoption de son accord de Brexit au Parlement, où il dispose désormais d’une large majorité.
Sorti grand vainqueur des législatives jeudi, le bouillonnant dirigeant conservateur entend présenter vendredi à la Chambre des communes la loi d’application de l’accord négocié avec Bruxelles encadrant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne le 31 janvier, a indiqué son porte-parole. Il s’agira du premier texte examiné par le Parlement dans sa nouvelle composition. L’adoption devrait s’achever après les fêtes, permettant au Parlement européen de ratifier le texte et levant les derniers obstacles au divorce, après 47 ans de mariage difficile et trois ans de psychodrame ayant suivi le référendum de 2016.
Un gouvernement remanié
À la tête d’une majorité inédite pour les conservateurs depuis Margaret Thatcher, Boris Johnson doit annoncer dans l’après-midi la composition de son gouvernement remanié, pour pourvoir trois postes vacants depuis les élections de jeudi dernier. Un remaniement du gouvernement plus important pourrait advenir après la date butoir du 31 janvier, une fois le Brexit assuré. Le chef du gouvernement doit aussi s’adresser aux 109 députés conservateurs nouvellement élus parmi les 365 sièges remportés jeudi par son parti pour les exhorter à se retrousser les manches et réaliser le Brexit, dans l’impasse depuis le référendum de juin 2016 remporté à 52% par le « leave ».
Avant de se pencher sur le Brexit, la nouvelle Chambre des communes devra tout d’abord se réunir mardi afin d’élire le « speaker » (président) et sauf surprise reconduire le travailliste Lindsay Hoyle, élu un mois avant les élections législatives. Il aura la tâche de conduire les débats souvent très animés sur le Brexit comme l’avait fait avant lui le truculent John Bercow. Chacun des 650 députés jurera ensuite allégeance à la Couronne. Boris Johnson pourra décliner jeudi son programme législatif lors du traditionnel discours lu par Elizabeth II, 93 ans. Le dernier « discours de la reine » remontant à deux mois à peine et Noël approchant, le cérémonial d’habitude très chargé accompagnant cette cérémonie sera réduit.
Pas de référendum pour l’Écosse
Outre l’accent mis sur le Brexit, Boris Johnson doit annoncer à cette occasion une hausse du financement du service national de santé (NHS), selon Downing Street. Ce service gratuit, auquel les Britanniques sont très attachés, a subi de drastiques mesures d’austérité sous les gouvernements conservateurs depuis près de 10 ans.
Le Premier ministre a en revanche exclu d’offrir à l’Écosse un deuxième référendum sur l’indépendance de la région, réclamé à cor et à cri par la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, forte du bon score aux législatives de son parti indépendantiste, le SNP. Le refus de Boris Johnson ne signe pas « la fin de l’affaire », a cependant averti dimanche sur la BBC Nicola Sturgeon, soulignant que l’Écosse, qui avait voté à 62% en 2016 pour rester dans l’Union européenne, « ne peut être enfermée dans le Royaume-Uni contre sa volonté ».
Le Brexit change la donne également en Irlande du Nord, en première ligne de la crise du Brexit en raison de sa position géographique. Les républicains, favorables à une réunification avec la République d’Irlande, ont remporté pour la première fois plus de sièges que les unionistes aux législatives de jeudi. Les deux camps sont censés se partager le pouvoir en vertu des accords de paix de 1998 mais faute d’entente, la province britannique reste depuis près de trois ans sans gouvernemental local. Des négociations ont commencé lundi à Belfast pour tenter de sortir du blocage.
Une fois le Brexit réalisé sur le plan politique au 31 janvier, Londres et Bruxelles entameront d’âpres négociations pour parvenir à un accord commercial définissant leurs relations à l’issue d’une période de transition prévue jusqu’à fin 2020. Boris Johnson assure qu’il y parviendra sans prolongation de ce délai. Mais il n’a pas expliqué quelle forme de relation, proche ou éloignée, il souhaitait avec les 27 membres de l’UE. Et plusieurs officiels européens ont déjà prévenu qu’un tel texte nécessiterait sans doute des années pour être préparé.
LQ/AFP