La sécurité d’Israël restera une priorité de « tout gouvernement allemand », a déclaré dimanche la chancelière Angela Merkel à l’occasion de sa dernière visite officielle à l’État hébreu, avec lequel l’Allemagne a approfondi ses relations pendant ses seize années au pouvoir.
Cette visite était initialement prévue en août mais avait été reportée en raison du retrait des forces américaines et de leurs alliés, notamment allemands, d’Afghanistan, ouvrant la voie au retour des talibans au pouvoir.
Angela Merkel, arrivée tard samedi soir à Tel-Aviv, a rencontré dimanche matin à Jérusalem le Premier ministre israélien Naftali Bennett dans le cadre de sa huitième et dernière visite officielle en tant que chancelière en Israël, pays où elle a laissé sa marque. « La relation entre l’Allemagne et Israël était forte, mais sous votre mandat, elle est devenue plus forte qu’elle ne l’avait jamais été. Il ne s’agit plus simplement d’une alliance, mais d’une véritable amitié et ça nous le devons à votre leadership », a déclaré Naftali Bennett.
Angela Merkel, qui doit se rendre plus tard dimanche à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem, s’est elle félicitée qu’après le génocide juif par l’Allemagne nazie, les relations aient pu atteindre un « tel niveau » entre les deux pays. « La question de la sécurité d’Israël restera toujours d’une importance centrale pour tout gouvernement allemand », a promis la chancelière dont la presse israélienne a salué les années au pouvoir, le quotidien Israel Hayom estimant « qu’aucun chancelier allemand n’avait fait autant pour améliorer les relations entre l’Allemagne et Israël qu’Angela Merkel ».
Les deux leaders doivent par ailleurs discuter du programme nucléaire iranien qui a « franchi toutes les lignes rouges », avait déclaré récemment à l’ONU Naftali Bennett, affirmant dans la foulée que l’État hébreu « n’allait pas permettre » à Téhéran de se doter de l’arme atomique. Israël tente à ce propos de convaincre la troïka européenne (France, Royaume-Uni et Allemagne) d’éviter de s’engager dans un nouvel accord avec l’Iran qui pourrait lui permettre à terme de se doter de la bombe nucléaire.
Pas de détour par Ramallah
Pendant ses seize années au pouvoir, Angela Merkel a fait du droit d’Israël à se défendre face à ses ennemis l’une des priorités de la politique étrangère de l’Allemagne, tout en plaidant pour un dialogue sur ce dossier sensible.
Pour cette dernière visite à Jérusalem, Angela Merkel n’a pas prévu de détour par Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas en Cisjordanie occupée, bien que l’Allemagne reste favorable à la solution à « deux États », une Palestine indépendante et viable aux côtés d’Israël. Aujourd’hui, plus de 675 000 colons israéliens vivent à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967.
Et bien qu’elle s’oppose ouvertement à la colonisation, illégale au regard du droit international, Angela Merkel reste critiquée par des militants des droits humains qui lui reprochent de ne pas avoir un discours assez musclé sur cette question.
« Le nouveau gouvernement allemand devra mettre les droits humains au centre de sa politique concernant Israël et la Palestine », a déclaré ce week-end Omar Shakir, spécialiste du conflit israélo-palestinien pour l’organisation Human Rights Watch.
Aucune rencontre prévue avec Netanyahu
Interrogée par des journalistes sur cette question, Angela Merkel a affirmé avoir abordé plusieurs sujets avec son interlocuteur mais que « le sujet des colonies n’avait pas été abordé encore …, il s’agit d’une question plus délicate ». « Je pense que nous devons nous sentir concernés par la situation des voisins d’Israël donc je crois qu’il n’y a qu’un seul moyen », a-t-elle ajouté, en référence à la création d’un État palestinien.
Le Premier ministre Naftali Bennett, qui s’est déclaré « pragmatique », a réitéré son opposition à un État palestinien. « La signification d’un État palestinien est d’avoir probablement un état terroriste à environ sept minutes de chez moi », a-t-il affirmé, précisant que son gouvernement mettait en place « différentes actions sur le terrain pour faciliter les choses pour tout le monde ».
Si aucun crochet n’est prévu par Ramallah, aucune rencontre n’est prévue non plus avec Benjamin Netanyahu, actuel chef de l’opposition israélienne, au pouvoir pendant la majeure partie (douze ans) des années Merkel.
LQ/AFP