Angela Merkel a annoncé dimanche qu’elle briguait un quatrième mandat de chancelière, au moment où ses partisans font d’elle le dernier rempart face aux poussées populistes illustrées par le Brexit ou la victoire de Donald Trump.
Angela Merkel a officialisé dimanche soir sa candidature à une quatrième mandat de chancelière en 2017 pour notamment « défendre » les « valeurs » démocratiques, tout en prévenant que les élections l’an prochain en Allemagne seraient « difficiles ».
« Le combat pour nos valeurs » démocratiques et de liberté, ainsi que la défense « de notre mode de vie » seront l’un des éléments clés de son programme, a déclaré à la presse la chancelière à l’issue d’une réunion de son parti conservateur (CDU) à Berlin.
Angela Merkel a indiqué qu’elle ambitionnait à la fois d’être réélue à la présidence de la CDU lors d’un congrès début décembre, puis de candidater à nouveau pour la chancellerie lors des prochaines élections législatives allemandes prévues en septembre ou octobre 2017, selon ces sources.
En poste depuis onze ans, elle détient déjà le record de longévité au pouvoir dans les pays occidentaux et a été couronnée à plusieurs reprises ces dernières années « personnalité de l’année » ou « femme la plus puissante » de la planète.
Une de ses proches à la CDU, Julia Klöckner, a jugé dimanche qu’elle était « garante de stabilité et de fiabilité dans une période turbulente ».
Agée de 62 ans, cette fille de pasteur de RDA a au vu des sondages toutes les chances de sortir des législatives avec un quatrième mandat pour la chancellerie.
Elle serait alors en mesure de rentrer dans l’histoire en battant le record au pouvoir en Allemagne du chancelier iconique d’après-guerre Konrad Adenauer (14 ans) et en égalant celui de son propre père en politique, Helmut Kohl (16 ans).
Selon un sondage publié dimanche, 55% des Allemands souhaitent qu’Angela Merkel reste en poste, contre 39% d’avis contraires. En août la proportion favorable n’était que de 50%.
Angela Merkel se trouve néanmoins dans une situation paradoxale: fêtée à l’étranger, où les attentes à son égard ont décuplé depuis le succès de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, elle attaque l’année électorale affaiblie sur le plan intérieur suite à l’arrivée controversée d’un million de réfugiés dans le pays.
Le président Barack Obama l’a adoubée cette semaine à Berlin lors de sa tournée d’adieux, lançant aux côtés d’une chancelière rosissant de plaisir: « Si j’étais allemand, je pourrais lui apporter mon soutien ».
Face aux tendances autoritaires dans le monde, le New York Times voit même en elle « le dernier défenseur des valeurs humanistes de l’Occident ». Elle a tenu bon sur sa politique d’immigration généreuse et vient de rappeler clairement à Donald Trump l’importance des valeurs démocratiques.
Parallèlement, « dans son pays, son pouvoir s’effrite », nuance l’hebdomadaire Die Zeit. Certes sa popularité remonte après avoir chuté avec la crise migratoire, mais sa famille politique n’est créditée que de 32% ou 33% des intentions de vote, près de dix points de moins que lors de l’élection précédente de 2013.
« L’effet d’aspiration créé par la victoire de Trump atteint Merkel à un moment où ses possibilités de leadership sont limitées: elle ne peut compter sur l’Europe pour aller de l’avant, n’a pas de parti uni derrière elle et ne jouit pas du soutien franc de la population qu’elle avait encore il y a un an et demi », juge Die Zeit.
Ses atermoiements depuis des mois sur sa candidature sont liés à cet affaiblissement. Elle a dû composer avec la rébellion sur la question des réfugiés avec son allié bavarois (CSU), qui a longtemps menacé de ne pas la soutenir en 2017, avant finalement de rentrer dans le rang.
La chancelière a subi aussi un revers récent en échouant à promouvoir un candidat de son parti pour devenir président allemand en 2017, se faisant doubler par les sociaux-démocrates.
Surtout, son règne est celui qui a vu se développer en Allemagne un parti populiste, concurrençant son parti sur sa droite.
Angela Merkel garde toutefois des atouts maîtres: elle n’a pas de concurrent sérieux dans son camp et reste infiniment plus populaire que ses rivaux sociaux-démocrates.
Le Quotidien / AFP