Armin Laschet le modéré, Friedrich Merz le libéral rival acharné d’Angela Merkel et Norbert Röttgen, outsider susceptible de créer la surprise, sont les trois candidats à la présidence du parti conservateur allemand CDU.
Le vainqueur sera élu samedi par les délégués du mouvement de la chancelière.
Armin Laschet, dans les pas de Merkel
Cet ancien journaliste, qui aura 60 ans le 18 février, incarne la continuité avec l’ère Merkel. Armin Laschet, conservateur modéré, est en effet un fidèle de la chancelière, avec qui il entretient une relation de confiance. Cet homme aux yeux rieurs derrière ses fines lunettes a notamment soutenu la politique d’accueil des réfugiés en 2015.
Cette proximité pourrait cependant constituer un handicap, tant ce catholique pratiquant et Européen fervent peine à se distinguer de la dirigeante allemande, au pouvoir depuis plus de 15 ans, et à présenter un programme de rupture.
Élu au Bundestag en 1994 puis député européen cinq ans plus tard, Laschet dirige depuis 2017 la région la plus peuplée d’Allemagne, la Rhénanie du nord-Westphalie. Il a ainsi affronté en première ligne la pandémie, avec un succès mitigé. Un des premiers foyers d’infection est ainsi apparu dans son « Land », après un carnaval dans la ville de Heinsberg. Son étoile a aussi pâli après qu’il a plaidé avant l’été, beaucoup trop tôt aux yeux des experts médicaux, pour un assouplissement des restrictions afin de sauvegarder l’économie.
Il pourrait en revanche bénéficier du ticket qu’il forme avec le ministre de la Santé, Jens Spahn, devenu populaire à la faveur de l’épidémie malgré des critiques sur la stratégie vaccinale.
Friedrich Merz, le revanchard
Friedrich Merz, 65 ans, veut à tout prix prendre sa revanche sur Angela Merkel. Déjà candidat à la présidence de la CDU fin 2018, ce libéral avait été battu de peu par Annegret Kramp-Karrenbauer, un temps désigné comme la « dauphine » de la chancelière, avant de quitter la présidence de la CDU début 2020.
Cet avocat au physique sec, originaire de Rhénanie du nord-Westphalie, a déjà un long parcours politique derrière lui : membre du parlement européen (1989-1994), puis du Bundestag (1994-2009), président du groupe CDU-CSU entre 2000 et 2002, avant qu’Angela Merkel lui souffle le poste, ce que Merz ne lui a jamais pardonné.
Libéral convaincu sur les questions économiques et sociales, ce pilote d’avion amateur, père de trois enfants, est par ailleurs adepte des discours musclés en matière de sécurité et d’immigration. Un positionnement censé lui permettre de faire revenir dans le giron de la CDU d’anciens électeurs attirés par l’extrême droite.
Soutenu par la base du parti, notamment les Jeunes de la CDU, Friedrich Merz, atteint du Covid au printemps, a pâti ces derniers mois de ne pas exercer de responsabilité locale. Il a ainsi été éclipsé par les dirigeants régionaux qui ont géré la pandémie avec Merkel. Son passage chez le gestionnaire d’actifs américain BlackRock, qui l’a grassement rémunéré, et des déclarations récentes amalgamant homosexualité et pédophile, risquent de rebuter en outre l’électorat modéré et écologiste.
Norbert Röttgen, l’outsider
Et si cet expert en politique étrangère de 55 ans créait la surprise ? Sans briller par son charisme, ce juriste de formation fait quasiment jeu égal avec Merz, loin devant Laschet, dans les sondages nationaux, même si ce sont au final les délégués de la CDU qui trancheront.
Ancien grand espoir conservateur, élu au Bundestag dès 1994, ce père de trois enfants a lui aussi un compte à régler avec Angela Merkel. La chancelière avait en effet stoppé net son ascension en 2012 en le démettant de ses fonctions de ministre de l’Environnement, après une débâcle électorale dans sa région de Rhénanie du nord-Westphalie.
Devenu président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag, partisan d’une ligne dure vis à vis de la Russie, Röttgen promet rajeunissement et féminisation du vieux parti conservateur allemand.
LQ/AFP