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Allemagne : record des crimes d’extrême droite en 2020


Des organisations de la société civile n'ont cessé de tirer la sonnette d'alarme sur les dangers présentés par la résurgence de la mouvance d'extrême droite. (illustration AFP)

L’Allemagne a enregistré l’an dernier un nombre record de crimes imputables à l’extrême droite qui reste « la plus grande menace pour la sécurité du pays », a annoncé mardi le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer.

Ces infractions diverses vont des assassinats, comme ceux de neuf jeunes d’origine étrangère à Hanau en février 2020, à l’incitation à la haine raciale ou aux saluts hitlériens. Elles se sont élevées l’an dernier à 23 604, soit une hausse de 5,7% sur un an, selon le ministre conservateur, et représentent à elles seules plus de la moitié des infractions à motivations politiques (44 692) perpétrées en Allemagne.

Il s’agit du plus haut niveau jamais atteint depuis que des statistiques ont été mises en place en 2001. « Il y a clairement des tendances à la brutalité dans notre pays », a déploré Horst Seehofer, dénonçant également une hausse des crimes commis par l’extrême gauche et par des islamistes. « Ces chiffres sont très préoccupants », a-t-il jugé. « La tendance observée ces dernières années se consolide » alors que la pandémie a, selon lui, entraîné « une polarisation accrue » de la société.

Les autorités mais aussi des organisations de la société civile n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme sur les dangers présentés par la résurgence de la mouvance d’extrême droite dans un pays hanté par son passé nazi.

Menace longtemps sous-estimée

Cette menace est restée longtemps sous-estimée par les services de renseignement intérieurs qui, durant plusieurs années, se sont surtout focalisés sur la lutte contre l’islamisme et la menace jihadiste.

Après l’assassinat en 2019 d’un responsable conservateur, vigoureux défenseur de la politique d’accueil des migrants de la chancelière Angela Merkel, l’Allemagne avait été choquée par un attentat manqué contre une synagogue de Halle. L’assaillant, condamné depuis, était un sympathisant d’extrême droite qui, frustré de ne pas avoir pu rentrer dans la synagogue, avait tué deux personnes au hasard.

En février 2020, neuf jeunes, tous d’origine étrangère, avaient été tués à Hanau, près de Francfort, dans un attentat raciste perpétré par un homme impliqué dans la mouvance complotiste.

Douze membres d’un groupuscule néo-nazi sont par ailleurs jugés depuis la mi-avril à Stuttgart, accusés d’avoir ourdi des attentats contre des mosquées et des responsables politiques.

LQ/AFP