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Allemagne : Merkel lance sa campagne en promettant le plein-emploi


La chancelière allemande Angela Merkel n'est pas si optimiste sur le Brexit, malgré le compromis trouvé (Photo : AFP)

Angela Merkel a promis lundi le plein-emploi en Allemagne en lançant sa campagne en vue des législatives de septembre, où elle partira favorite pour un quatrième mandat qui lui assurerait une place dans les livres d’histoire.

La chancelière allemande a présenté à Berlin son programme électoral à l’orée d’une semaine internationale chargée : elle présidera le sommet des dirigeants du G20 à Hambourg jeudi et vendredi au moment où elle a pris de facto la tête du camp des critiques de Donald Trump. Accusée par ses rivaux politiques en Allemagne de se reposer uniquement sur son bilan en vue du scrutin législatif du 24 septembre et de n’avoir aucune idée nouvelle, Angela Merkel a cherché à reprendre l’initiative avec une promesse forte.

«Nous nous fixons comme objectif d’atteindre le plein-emploi en 2025», a annoncé à la presse la chancelière de 62 ans, au pouvoir depuis 2005. Une promesse qui devrait faire des envieux en Europe, où la plupart des pays en sont très loin. En juin, le taux de chômage en données brutes s’établissait à 5,8%. «Si nous en avions parlé en 2005, les gens nous auraient rit au nez, j’ai eu à l’époque à assumer 5 millions de chômeurs», a dit la présidente du parti conservateur Union chrétienne-démocrate (CDU).

« Bon vivre »

«Maintenant en 2017 nous avons réussi à réduire de moitié leur nombre et à présent nous disons que nous voulons le diviser encore une fois par deux, à moins de 3% de taux de chômage, c’est ce que l’on appelle le plein-emploi», a-t-elle ajouté. Le slogan officiel de sa campagne et de celle de son allié bavarois, la CSU, est à l’image de cette profession de foi: «L’Allemagne, un pays où il fait bon vivre», comme en écho à celui des précédentes élections de 2013 («L’avenir de l’Allemagne dans de bonnes mains»).

Pour la chancelière, les difficultés politiques subies lors de l’arrivée de plus d’un million de migrants en Allemagne en 2015 et 2016, qui l’avait fragilisée comme jamais en faisant progresser la droite nationaliste, semblent bien loin. Les sondages lui donnent 15 points d’avance sur son rival social-démocrate Martin Schulz, qui après avoir fait illusion en début d’année a depuis enchaîné les défaites électorales régionales.

Un quatrième mandat la placerait en orbite pour battre le record de longévité à la chancellerie allemande, détenu par son mentor Helmut Kohl (1982-1998), devant Konrad Adenauer (1949-1963). Ses partisans voient en elle un rempart possible à la vague populiste et autoritaire dans le monde et la presse anglo-saxonne l’a déjà à plusieurs reprise qualifiée de «leader du monde libre».

Sécurité

En Europe, elle doit désormais faire face néanmoins à une certaine concurrence avec l’irruption du président centriste français Emmanuel Macron, élu sur un credo très pro-européen et qui vient de réussir deux «coups» diplomatiques en faisant venir le président russe Vladimir Poutine à Paris et en obtenant la visite, le 14 juillet, de Donald Trump. Le programme d’Angela Merkel en Allemagne prévoit aussi au moins 15 milliards de réduction d’impôts pour les revenus modestes et moyens et 15.000 postes de policiers fédéraux en plus.

Car la chancelière a décidé d’insister cette fois sur les thèmes sécuritaires pour tenter de reconquérir une partie de l’électorat qui l’a fuie avec la crise des migrants au profit de la droite anti-immigration de l’AfD. «Notre projet d’avenir est le bien-être et la sécurité pour tous», a-t-elle dit lundi. La CDU mènera campagne avec des affiches où les couleurs noir-jaune-rouge du drapeau allemand sont omniprésentes. Un symbole fort, dans un pays où une partie de la population reste mal à l’aise à l’égard de l’expression du patriotisme.

La chancelière promet aussi qu’un afflux de migrants comme en 2015 ne se reproduira pas. En revanche, elle continue de refuser de fixer une limite annuelle au nombre de réfugiés en Allemagne, contrairement à ce qu’exige son allié bavarois.

Le Quotidien/AFP