La chancelière allemande Angela Merkel a qualifié jeudi d' »acte impardonnable » l’alliance électorale inédite conclue la veille entre son parti et l’extrême droite au niveau régional en Thuringe, qui a provoqué un séisme politique dans le pays.
« Il faut dire que c’est un acte impardonnable et que par conséquent le résultat (de cette élection) doit être annulé », a estimé sur un ton d’une grande fermeté Angela Merkel, en déplacement à Pretoria en Afrique du Sud. « Il est question de nouvelles élections, c’est une option », a-t-elle dit. Elle réagissait à l’élection la veille du dirigeant d’un État régional allemand, la Thuringe, grâce aux voix combinées de l’extrême droite et de son propre parti conservateur, à la suite d’un scrutin à l’automne dans cette région de l’ex-RDA. Or, jusqu’ici, et contrairement à un pays comme l’Autriche, la droite modérée allemande a toujours exclu toute alliance ou coopération avec le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui de surcroît a fait de la chancelière allemande et de sa politique migratoire sa principale cible.
En s’affranchissant de cette consigne nationale, les élus régionaux du parti d’Angela Merkel (CDU) ont « enfreint les convictions fondamentales » de ce parti démocrate-chrétien fondé après la période nazie. Il s’agit d’une « mauvaise journée pour la démocratie », a-t-elle ajouté, alors que l’épisode en Thuringe a ranimé en Allemagne le souvenir des années 1930, lorsque le parti d’Adolf Hitler avait réussi, y compris via des alliances avec la droite traditionnelle, à peu à peu parvenir au pouvoir. « Tout doit être entrepris à présent pour montrer clairement que ce à quoi croit la CDU » ne peut pas être associé à l’extrême droite, a ajouté la chancelière.
Démission d’un dirigeant régional en pleine tempête autour de l’extrême droite
À peine 24 heures après son élection comme dirigeant de cet État régional de l’ex-RDA grâce au soutien de l’extrême droite, Thomas Kemmerich, élu du petit parti libéral FDP, a annoncé sa démission et son intention de provoquer des élections anticipées. « Nous voulons de nouvelles élections afin de retirer le stigmate du soutien de l’AfD », a-t-il annoncé. Il avait été élu la veille avec les voix coalisées de son mouvement, du parti antimigrants et antiélite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et des élus régionaux de celui de la chancelière allemande, l’Union chrétienne-démocrate (CDU).
AFP