La chancelière allemande Angela Merkel devait être mardi soir Porte de Brandebourg à Berlin, où un grand rassemblement est prévu à l’appel des associations musulmanes pour dire non à la montée de l’islamophobie dans le pays après les attentats jihadistes de Paris.
Lundi, à Dresde, plus de 25 000 manifestants ont répondu à l’appel du mouvement Pegida (« Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident ») qui organise depuis octobre des rassemblements anti-islam dans cette ville. (Photos : AFP)
Au lendemain d’une nouvelle mobilisation record de manifestants contre l’immigration musulmane à Dresde (est), des milliers de personnes sont attendues pour défendre l’unité nationale de l’Allemagne sans distinction de religion. Mardi matin, les journaux allemands étaient nombreux à reprendre en Une la phrase lancée lundi par la chancelière : « L’islam appartient à l’Allemagne ». Mme Merkel avait déjà dans le passé prononcé ces mots attribués à un ancien président allemand, mais ils prenaient une toute autre ampleur après les attaques terroristes à Paris.
L’Allemagne, qui compte une importante communauté musulmane, s’inquiète pour sa cohésion. « Nous allons envoyer un signal très fort demain (…) pour la cohabitation paisible des différentes religions en Allemagne », a affirmé lundi Angela Merkel, en annonçant sa participation à la manifestation de la Porte de Brandebourg. La presse allemande relevait que la chancelière, souvent peu percutante dans ses prises de parole, avait su trouver des mots forts pour dénoncer les amalgames visant les musulmans. Angela Merkel sait que l’Allemagne « a aujourd’hui besoin de signaux », expliquait mardi le quotidien populaire Bild. « Il y a deux thèmes sur lesquels elle est capable de s’exprimer avec force : la religion et la liberté », ajoutait le journal en soulignant sa jeunesse en RDA comme fille d’un pasteur. Pour le journal, la mission de la chancelière est claire : préserver « la liberté et protéger (l’Allemagne) contre une guerre terroriste ».
> Minute de silence
Après une minute de silence, plusieurs personnalités devaient prendre la parole mardi soir : Aiman Mazyek, co-organisateur et président du Conseil central des musulmans (ZMD), l’une des associations représentant les musulmans allemands, des représentants des communautés juive, catholique et protestante, ainsi que le président allemand Joachim Gauck qui doit conclure la manifestation.
Depuis les attentats, les autorités craignent une montée des tensions en Allemagne, pays de 81 millions d’habitants, qui compte environ quatre millions de musulmans, dont une grande majorité d’origine turque. Lundi, à Dresde, plus de 25 000 manifestants – un nouveau record – ont répondu à l’appel du mouvement Pegida (« Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident ») qui organise depuis octobre des rassemblements anti-islam dans cette ville de l’est du pays. Les leaders de Pegida, qui se sentent légitimés par les attentats jihadistes en France, avaient appelé à rendre hommage aux « victimes du terrorisme de Paris », invitant les manifestants à porter un brassard noir.
Parallèlement, dans tout le pays, plus de 100 000 personnes ont défilé dans les grandes villes, notamment à Munich (sud, 20 000), Hanovre (nord, 17 000), ou Sarrebruck (sud-ouest, .000) pour opposer à Pegida l’image d’une Allemagne solidaire des victimes du terrorisme, mais aussi tolérante et ouverte sur le monde. C’est à cette image de l’Allemagne que les associations musulmanes, conscientes des amalgames véhiculés par Pegida, font également fait référence dans leur appel à manifester mardi. « Nous n’accepterons pas que notre société se retrouve déchirée par des extrémistes qui n’ont pour but que d’y semer la haine et la discorde », affirment-elles. « Musulmans et non musulmans, nous devons, particulièrement dans cette période, nous lever ensemble pour la démocratie », ont-elles ajouté.
Selon un sondage réalisé en Allemagne en novembre et rendu public la semaine passée, 57% des personnes interrogées considèrent l’islam comme une menace et 24% souhaiteraient interdire l’immigration des musulmans.
AFP
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