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Allemagne : le financement public des ONG dans le viseur des conservateurs


Le collectif «Omas gegen Rechts» (Mamies contre l'extrême droite) est l’une des organisations concernées. (photo AFP)

Les conservateurs allemands, vainqueurs aux législatives, se sont attiré mercredi les foudres de responsables politiques et d’ONG pour avoir exigé des justifications sur les aides publiques versées à plusieurs organisations, comme Greenpeace ou Foodwatch.

Dans une question parlementaire intitulée «neutralité politique d’organisations subventionnées par l’État», le groupe CDU/CSU mené par Friedrich Merz, futur chancelier, demande au gouvernement sortant d’Olaf Scholz des explications sur les subventions versées à 17 organisations.

Dans la liste figurent notamment Greenpeace, le collectif «Omas gegen Rechts» (Mamies contre l’extrême droite), le réseau d’investigation journalistique Correctiv, les ONG Attac, Campact – très engagé contre l’extrême droite –, l’organisation de protection des animaux Peta ou encore Foodwatch.

Ce questionnaire déposé au lendemain des législatives de dimanche vise à vérifier que «l’engagement financé publiquement ne soit pas utilisé à des fins partisanes», indique la CDU.

Ce mercredi, Lars Klingbeil, coprésident du parti social-démocrate allemand (SPD) et chef du nouveau groupe parlementaire, a accusé les conservateurs de «dénigrer et remettre en question précisément les organisations qui protègent notre démocratie». Il a reproché à Friedrich Merz un «jeu de dupe» alors que ce dernier veut ouvrir des consultations avec le SPD en vue de former une coalition gouvernementale.

«Intimidation de pans
de la société civile»

Les Verts, appelés eux à retourner dans l’opposition, ont parlé d’une «intimidation de pans de la société civile», selon les termes de la députée Britta Haßelmann.

«Cela rappelle les États autoritaires et, étant donné que la CDU/CSU dirigera selon toute vraisemblance le prochain gouvernement fédéral, c’est extrêmement inquiétant», a déclaré de son côté Clara Bünger, du parti d’extrême gauche die Linke.

Des collectifs d’ONG, dont certaines citées dans la question parlementaire, avaient appelé à manifester dans toute l’Allemagne fin janvier pour protester après l’adoption d’une motion de la CDU sur la migration adoptée avec les voix du parti d’extrême droite AfD.

«Cela soulève la question de savoir dans quelle mesure les associations à but non lucratif, qui sont en outre financées par l’argent des contribuables, sont autorisées à s’engager dans la politique partisane», interrogent les conservateurs.

Le vote commun CDU/AfD avait rompu un tabou en vigueur depuis l’après guerre excluant toute coopération au niveau fédéral avec l’extrême droite.

Les manifestations avaient rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes.

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