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Allemagne : l’AfD gagne en justice face au ministre de l’Intérieur


Jörg Meutnen et Tino Chrupalla, les coprésidents de l'AfD, se sont réjouis de la décision de la Cour constitutionnelle. (Photo : DR)

Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a remporté mardi une victoire devant la Cour constitutionnelle sur le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, qui avait accusé la formation politique de vouloir détruire l’État.

La Cour de Karlsruhe (sud-ouest de l’Allemagne) a jugé que le ministre conservateur du gouvernement d’Angela Merkel n’aurait pas dû publier sur le site internet du ministère un entretien dans lequel il qualifiait l’AfD, première formation d’opposition au Bundestag, de « subversif pour l’État ». Par ce biais, il a en effet enfreint son devoir de neutralité lié à sa charge, selon les juges, et porté préjudice à l’AfD dans son droit à l’égalité des chances.

« La portée du travail de communication du gouvernement s’arrête là où commence la promotion ou le dénigrement d’un parti ou d’une personne agissant dans le jeu politique », a assuré le président de la Cour constitutionnelle, Andreas Vosskuhle. Cette décision de la justice n’a toutefois aucune conséquence concrète, l’entretien litigieux ayant de longue date été retiré du site internet, selon Der Spiegel. Le coprésident de l’AfD, Jörg Meuthen, a salué ce jugement qui constitue, selon lui, une « contribution importante à l’hygiène politique en Allemagne », la Cour ayant jugé que « les ressources gouvernementales » ne doivent pas être utilisées « pour diffamer l’opposition ».

« Ils peuvent répéter mille fois qu’ils sont des démocrates »

 

De son côté, le secrétaire d’État parlementaire auprès du ministère de l’Intérieur, Günter Krings, a estimé qu’avec ce jugement, Horst Seehofer pouvait continuer à participer au débat politique même lorsqu’il tient « des propos durs » à l’endroit d’un responsable politique ou d’un parti. Il reste possible, selon lui, de qualifier les agissements d’un parti de « minable » ou « subversif pour l’État ». Il a mis en avant le fait que les juges n’avaient pas contesté la teneur des déclarations de Horst Seehofer, mais seulement leur publication sur un site du ministère.

Les propos du ministre issu de l’Union chrétienne-sociale (CSU), branche bavaroise de la CDU, remontent à septembre 2018, lorsque le groupe parlementaire AfD avait tenté d’organiser un débat sur le budget accordé au président allemand, Frank-Walter Steinmeier, plus haut personnage de l’État. L’AfD reprochait notamment au président d’avoir fait la promotion d’un concert contre le racisme d’un groupe punk qui fut temporairement dans le collimateur du renseignement allemand. Le parti d’extrême droite avait qualifié le concert de « grand évènement d’extrême gauche ».

« C’est une attaque frontale contre le président fédéral (…) C’est très dangereux pour notre État », avait jugé Horst Seehofer après cette initiative de l’AfD. On ne peut pas « engueuler le président fédéral comme à la foire », avait-il ajouté. « C’est subversif pour l’État (…) Ils peuvent répéter mille fois qu’ils sont des démocrates, ils s’élèvent contre l’État ».

LQ/AFP