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Allemagne : Friedrich Merz, le millionnaire mal aimé aux portes de la chancellerie


Atlantiste convaincu, Friedrich Merz s'est engagé à ouvrir «un nouveau chapitre» avec les États-Unis de Donald Trump, tout en plaidant pour une «Europe unie» face au nouveau président américain. (Photo afp)

Écarté en 2002 par Angela Merkel, Friedrich Merz a pris les rênes de la CDU en 2022. Il pourrait devenir le prochain chancelier à l’issue des législatives de février.

Dans sa ville natale de Brilon, en Allemagne, le millionnaire et favori à la chancellerie Friedrich Merz s’efforce, verre de bière à la main, d’atténuer son image hautaine et de donner un élan populaire à sa campagne. Dimanche, ce pilote et propriétaire d’un jet privé, a invité dans sa petite commune de l’ouest du pays le très populaire chef des conservateurs bavarois Markus Söder pour un « petit déjeuner » avec bière, boudin blanc et bretzel, propre à plaire à son hôte.

«Je m’en tiendrai au fait (…) que je suis ici chez moi, que je suis là et que je recherche le contact avec les gens tout autant qu’avec notre merveilleux environnement», a-t-il lancé devant un millier de partisans.

Une rare expression d’émotion émanant de ce député de 69 ans, ancien rival malheureux d’Angela Merkel, à un moment où son camp chrétien-démocrate reste, certes, en tête des sondages mais stagne autour de 30%, à un mois des élections législatives anticipées du 23 février.

Une récente étude de l’Insa le voit même descendre en dessous de cette barre symbolique, à 29%.

«A nouveau fier de l’Allemagne»

Il s’est prononcé contre la parité entre femmes et hommes dans un gouvernement sous sa direction et son parti a dit vouloir annuler la loi du gouvernement d’Olaf Scholz visant à faciliter le changement de genre. Mais il est «la réponse de la CDU au succès de l’AfD», qui séduit avec ses positions «anti-woke» et hostiles aux étrangers, analyse l’hebdomadaire Die Zeit.

Atlantiste convaincu, il s’est aussi engagé à ouvrir «un nouveau chapitre» avec les États-Unis de Donald Trump, tout en plaidant pour une «Europe unie» face au nouveau président américain. L’un des slogans de campagne de la CDU – «une Allemagne dont nous pouvons de nouveau être fier» après deux récessions successives dans le pays – rappelle d’ailleurs celui de Trump visant à «rendre sa grandeur à l’Amérique».

Depuis qu’il a pris les rênes du parti conservateur en janvier 2022, Friedrich Merz, connu pour ses sautes d’humeur, a tenté de gommer son image d’homme du passé, animé par une soif de revanche contre Angela Merkel. Ecarté en 2002 par l’ex-chancelière (2005-2021) du poste stratégique de président du groupe parlementaire, il s’était reconverti dans la finance en 2009, travaillant pour BlackRock, l’un des plus gros gestionnaires d’actifs au monde.

Objectif : « compétitivité »

Une étude de l’institut Forsa de novembre révélait pourtant que 47% des sondés lui faisaient confiance pour relancer l’économie, contre 16% au social-démocrate Olaf Scholz. «Chaque jour, chaque décision de mon futur gouvernement ne comportera qu’une seule question : est-ce bon pour la compétitivité de notre industrie ? Nous devons rétablir la compétitivité de ce pays», a asséné mardi le conservateur lors du Forum économique de Davos en Suisse.

Les recettes de ce libéral: réduire les impôts des entreprises et la bureaucratie et durcir les règles de «l’allocation citoyenne», prestation versée aux chômeurs, afin de les contraindre à réintégrer le marché du travail. En matière de politique migratoire, il prône l’expulsion des demandeurs d’asile déboutés et des criminels, assortie d’une réduction des aides aux migrants.

Il a parfois usé d’une rhétorique similaire à celle de l’AfD, même s’il exclut toute alliance avec ce parti, qualifiant notamment de «petits pachas» originaires de «l’espace arabe» les auteurs présumés d’échauffourées à Berlin en 2022.

La même année, il avait accusé les Ukrainiens venus se réfugier en Allemagne après l’invasion russe, surtout des femmes et des enfants, de pratiquer un « tourisme social » pour empocher des allocations, avant de s’excuser. Friedrich Merz n’en est pas moins l’un des plus fervents partisans déclarés de l’aide militaire à Kiev.