Dix ans et demi de prison ont été requis mercredi à Dresde, dans l’est de l’Allemagne, contre un policier accusé d’avoir tué et dépecé, apparemment à sa demande, un homme rencontré sur un site dédié au cannibalisme.
Detlef Günzel, officier de police de 56 ans, lors de son procès. (Photo : AFP)
Le parquet a balayé la ligne de la défense, qui argue du consentement de la victime pour plaider le « suicide assisté », passible de cinq ans de prison. Selon l’accusation, ce délit ne peut concerner que des proches du défunt ou des médecins. Après des mois d’une audience ouverte fin août, selon un rythme propre à la justice allemande, le procureur a requis dix ans d’emprisonnement pour le meurtre et un an pour « atteinte à la paix des morts », soit « dix ans et demi » au total, a expliqué le parquet dans un communiqué.
> Le verdict est attendu le 1er avril
Le mobile de ce crime d’une extrême violence, qui avait fait les gros titres dans le monde entier, est « la satisfaction du désir sexuel » de l’accusé, qui entre dans la définition du « meurtre aggravé », soutient le parquet. Detlef Günzel, 57 ans, policier depuis 30 ans, encourt à ce titre la réclusion à perpétuité. En pratique et sauf « gravité particulière » justifiant une période de sûreté, la perpétuité permet de demander une libération conditionnelle au bout de 15 ans.
Il avait reconnu avoir poignardé la victime à la gorge en novembre 2013, puis découpé son corps en morceaux qu’il avait enterrés dans le jardin de sa maison d’Hartmannsdorf-Reichenau (est), un petit village près de la frontière tchèque. Le policier avait rencontré un mois plus tôt Wojciech Stempniewicz, un consultant de Hanovre (nord) de 56 ans, sur un site internet dédié au cannibalisme qui revendique 3 000 inscrits et se targue d’être « numéro un pour la viande exotique ».
Les deux hommes avaient d’abord échangé de nombreux mails, textos et coups de fils, avant de se donner rendez-vous à la gare de Dresde, puis de gagner le domicile de l’accusé. Selon la défense, la victime était suicidaire depuis longtemps. Un film de 50 minutes, qualifié d' »horreur pure » par un enquêteur, a été au coeur des débats. Dans cette vidéo réalisée par Günzel, les images, selon la presse allemande, montrent notamment un homme en caleçon en démembrant un autre, nu, suspendu à un crochet, bâillonné, les mains dans le dos. Le corps de la victime n’a pas été entièrement reconstitué, mais les enquêteurs n’ont pu établir l’existence d’actes cannibales.
AFP