Malgré les craintes d’une surveillance massive à la Big Brother, la lutte contre la pandémie du Covid-19 est un fort incitatif à l’utilisation des nouvelles technologies. Allemagne, Autriche et Israël se tournent vers elles, tout en cherchant à ménager la protection des données personnelles.
L’Allemagne mise sur le bluetooth
Avec une politique de tests à grande échelle et un nombre de décès officiellement liés au Covid-19 contenus à ce stade à moins de 900, l’Allemagne semble pour le moment mieux faire face à la pandémie que nombre de ses voisins européens. Elle a pu à ce jour échapper au confinement strict et généralisé mis en place en France, Italie ou Espagne.
Le gouvernement prépare désormais la phase suivante, avec un éventuel relâchement à partir de fin avril des mesures de distanciation sociale et de fermetures de lieux publics. Mais, prévient le ministre de la Santé, Jens Spahn, « pour que cela soit possible, nous devons être en mesure d’identifier et de joindre très rapidement toutes les personnes en contact avec une personne infectée ». Le gouvernement devrait proposer un nouveau dispositif « dans les prochains jours », selon M. Spahn, qui fonctionnerait sur la base du volontariat.
Il s’agit d’une application qui stockerait pendant une quinzaine de jours, sans géolocalisation et en garantissant la protection des données, les interactions via bluetooth, qui transforme le téléphone en émetteur et récepteur de signaux. Ainsi, si une personne est infectée, l’application enverra un « push » à tous ceux qu’elle aura croisés dans les deux semaines précédentes, pour les avertir d’un risque de contamination. Seuls ceux qui auraient téléchargé l’application recevraient l’avertissement qu’ils ont pu être infectés par un malade dont l’anonymat sera préservé.
Ce dispositif est développé par l’Institut allemand Fraunhofer Heinrich-Hertz (HHI) pour les télécommunications, qui travaille à ce projet avec l’Institut Robert-Koch, chargé de la veille épidémiologique. Un premier test devait être mené mercredi dans une caserne militaire berlinoise.
Autriche : l’appli Stopp Corona
L’application « Stopp Corona », lancée la semaine dernière sous l’égide de la Croix-Rouge, a enregistré plus de 130 000 téléchargements, dans le pays de 8,8 millions d’habitants, a indiqué un porte-parole. Le principe de l’application est de permettre aux utilisateurs d’enregistrer volontairement sur leur téléphone portable le contact des gens qu’ils ont fréquentés au cours d’une période récente. Ils peuvent ensuite recevoir une notification si l’un de ces contacts a contracté le Covid-19, son identité n’étant pas dévoilée.
Pour respecter la confidentialité des usagers, les concepteurs expliquent ne pas collecter les données individuelles et de géolocalisation. Les informations sont stockées dans le téléphone lié à l’application, un principe auquel ont recours des applications similaires développées dans d’autres pays depuis le début de l’épidémie.
La ministre autrichienne de la Justice, Alma Zadic, membre des Verts qui gouvernent avec les conservateurs, a jugé non fondées les craintes liées à la confidentialité des données, déclarant qu’elle prévoyait elle-même de télécharger l’application. L’Autriche comptait jeudi 10 877 personnes testées positives au nouveau coronavirus qui a fait 158 morts dans le pays.
Israël opte pour la géolocalisation
En Israël, les applications mobiles se multiplient pour vaincre le virus à dose d’algorithmes. Une application mobile, nommée « Hamagen » (« Bouclier » en français), a été lancée récemment. L’idée est simple : recouper les trajets de personnes infectées avec ceux des usagers de l’appli. Le projet est parrainé par le ministère israélien de la Santé qui donne en temps réel les données sur les personnes contaminées aux téléphones des utilisateurs de l’application.
« L’appli compare votre géolocalisation à celle des patients infectés. Lorsqu’il y a une correspondance entre les deux, vous recevez un lien du ministère de la Santé vous indiquant la marche à suivre », à propos du dépistage par exemple, explique le ministère. « Hamagen » permet aussi aux usagers d’anticiper leur trajet pour éviter des lieux trop exposés au virus.
Les autorités israéliennes recensent désormais officiellement plus de 3 800 personnes infectées par le nouveau coronavirus, sur une population de neuf millions d’habitants, en confinement depuis le 25 mars. En moins d’une semaine, l’application a dépassé le million de téléchargements et les autorités tentent de vendre le concept à d’autres pays, selon la presse locale.
LQ/AFP