Des centaines de personnes défilent à la mi-journée vendredi dans le centre d’Alger, pour la 23e semaine de manifestation hebdomadaire contre le régime, qui a désigné la veille un « panel » chargé d’organiser un « dialogue » jusqu’ici rejeté par la contestation.
Depuis la matinée, le centre-ville est quadrillé par les forces de l’ordre. Des dizaines de véhicules de police sont garés, pare-chocs contre pare-chocs, de chaque côté des axes du cœur d’Alger que va emprunter la manifestation, entravant considérablement le passage entre la rue et les trottoirs, a constaté un journaliste de l’AFP. « Y’en a marre des généraux! », scandent des centaines de manifestants, en référence à la place centrale occupée par l’armée dans l’appareil de pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962.
Et depuis la démission le 2 avril, après 20 ans au pouvoir, du président Abdelaziz Bouteflika, face au mouvement de contestation inédit, le chef d’état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, est devenu le véritable homme fort du pays.
« Un Etat civil, pas militaire »
« Un Etat civil, pas militaire », scandent également les manifestants, rassemblés bien avant le départ prévu du cortège, en début d’après-midi. Jeudi, le président par intérim Abdelkader Bensalah a chargé six « personnalités nationales » de mener le « dialogue » qu’il a proposé début juillet aux partis politiques et à la société civile pour définir les modalités d’une « présidentielle libre et transparente dans les plus brefs délais ».
Ces personnalités ont dit avoir réclamé des « mesures d’apaisement » et obtenu des engagements de Abdelkader Bensalah, notamment sur la liberté de manifester et sur la libération des personnes arrêtées durant les manifestations. Une présidentielle prévue le 4 juillet pour élire le successeur de Abdelaziz Bouteflika a été annulée faute de candidats.
Les manifestants refusent qu’une présidentielle soit organisée par les anciens hauts responsables de la présidence Bouteflika toujours au pouvoir, comme abdelkader Bensalah et le général Gaïd Salah, dont ils réclament le départ. Une revendication écartée par le pouvoir, qui a formulé plusieurs offres de dialogue jusqu’ici rejetées par les partis d’opposition et les organisations de la société civile.
La dernière proposition début juillet de Abdelkader Bensalah, promettant que ni l’Etat ni l’armée ne participeraient au dialogue, a semblé susciter l’intérêt d’une partie de la classe politique et de certaines organisations.
LQ/AFP