Quelque 253 personnes ont été tuées dans des inondations dévastatrices en Afrique du Sud causées par de fortes pluies sur la côte est, ont annoncé mercredi les autorités locales.
« Nos morgues sont soumises à une certaine pression, mais nous faisons face. Hier soir, tard dans la nuit, nous avions reçu quelque 253 corps dans deux morgues distinctes » de l’agglomération de Durban, première ville du Kwazulu-Natal, a déclaré dans une interview télévisée Nomagugu Simelane-Zulu, représentant du département de la Santé dans la province.
Ponts effondrés, routes submergées, à certains endroits autour de la ville portuaire, épicentre de la catastrophe, les glissements de terrain ont laissé de géantes brèches dans la terre comme fendue par les torrents d’eau déversés en l’espace de quelques jours.
Le président Cyril Ramaphosa s’est rendu dans la matinée auprès de familles endeuillées. À Clermont, une banlieue pauvre de Durban, il a promis l’aide du gouvernement à un père de famille qui a perdu ses quatre enfants, ensevelis dans l’effondrement d’un pan de leur maison. Les mains jointes, l’homme a raconté au chef de l’État l’eau qui monte au milieu de la nuit, l’électricité coupée, ses enfants endormis dans une autre pièce et qu’il n’a pas réussi à sauver.
« Nous voyons des tragédies similaires frapper le Mozambique, le Zimbabwe, mais aujourd’hui c’est nous qui sommes touchés », a déploré Cyril Ramaphosa. Les autorités locales réclament que l’état de catastrophe naturel soit déclaré. Les pluies devraient lentement se dissiper dans la soirée, selon les prévisionnistes. Mais déjà la région qui a connu des destructions massives lors d’une vague sans précédent d’émeutes et de pillages en juillet, semblait connaître un répit.
Dans une chaleur humide, certains déblayent autour de maisons effondrées. Sur des routes jonchées de débris, d’autres dispersent du sable pour combler des trous béants, a constaté un journaliste de l’AFP. Certaines écoles ont ouvert leurs portes, mais les bancs sont majoritairement restés dépeuplés. À l’école primaire de la banlieue noire d’Inanda, seuls deux élèves sur 48 se sont présentés.
Comme un cyclone
Certaines zones de la province ont reçu des pluies à un niveau qui n’avait pas été atteint depuis plus de 60 ans, selon l’institut météorologique national. « En 48 heures, il est tombé plus de 450 mm d’eau dans certaines zones », a déclaré la prévisionniste Dipuo Tawana. Les météorologues ont comparé le niveau des précipitations à celui « normalement associé aux cyclones ».
L’armée a été mobilisée pour apporter un soutien aérien pendant les évacuations. Des milliers de maisons ont été détruites, au moins 140 écoles ont été touchées, selon les autorités locales.
Des routes ont été coupées. Des stocks de conteneurs sont tombés comme des dominos sur un des principaux axes routiers de la région. Des pillages ont été signalés. Au-dessus d’une chaussée submergée d’une eau marronnasse, les pancartes de direction et les feux rouge semblent flotter au milieu de nulle part. Des voitures abandonnées ont de l’eau jusqu’aux fenêtres.
Sur les plages populaires de Durban, des tas de débris, branches, bouteilles en plastique, se sont amoncelés.
Les fortes précipitations ont aussi entraîné des coupures d’électricité et perturbé l’approvisionnement en eau. Les liaisons ferroviaires ont été suspendues et les habitants ont été appelés à éviter tout déplacement.
« Nous savons que c’est le changement climatique qui s’aggrave, on est passé de tempêtes extrêmes en 2017, à des inondations supposées records en 2019 mais clairement dépassées aujourd’hui en 2022 », a mis en garde Mary Galvin, professeur d’études du développement à l’université de Johannesburg.
En 2019, des inondations dans la région et la province voisine du Cap-Oriental avaient déjà fait 70 morts et dévasté plusieurs villages côtiers dans des coulées de boue.