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Afrique du Sud: plainte contre le gouvernement pour des « niveaux mortels de pollution »


Les centrales à charbon situées dans la Highveld Priority Area, en Afrique du Sud, seraient à l'origine de 305 à 650 décès prématurés en 2016. (Photo illustration AFP)

Deux organisations de défense de l’environnement ont annoncé lundi avoir assigné en justice le gouvernement sud-africain pour avoir « violé le droit » des citoyens à respirer un air sain dans le nord-est du pays, soumis à des « niveaux mortels de pollution ».

Le gouvernement a « échoué à réduire les niveaux mortels de pollution de l’air » dans la région de la Highveld Priority Area (HPA), dans la province du Mpumalanga (nord-est du pays), jugée prioritaire en 2007 en terme de lutte contre la pollution, ont estimé les organisations groundWork et Vukani. Il « a violé le droit constitutionnel à un environnement sain pour la population », ont-elles ajouté dans un communiqué.

Entre 305 et 650 décès prématurés en 2016

GroundWork, organisation d’Afrique australe, et Vukani, basée en Afrique du Sud, exigent des autorités « des mesures urgentes pour traiter la forte pollution de l’air et (…) pour protéger notre droit à un air propre ».

Le Mpumalanga abrite 83% de la production de charbon de l’Afrique du Sud, et l’entreprise publique d’électricité Eskom possède, dans la HPA, 12 de ses 15 centrales à charbon. Selon une enquête indépendante citée par les deux ONG, ces 12 sites plus deux autres ont été responsables de l’essentiel de la pollution atmosphérique dans la région en 2016 et ont causé cette année-là entre 305 et 650 décès prématurés.

Etre exposé à des produits toxiques émis par les usines à charbon, comme le dioxyde de soufre, des métaux lourds comme le mercure et des particules fines, conduit à des maladies chroniques telles que l’asthme et les bronchites, des cancers du poumon et contribue à des accidents vasculaires cérébraux et des naissances prématurées, affirment les organisations.

« Les hauts niveaux de la pollution de l’air dans et autour de la HPA constituent un danger de santé publique immédiat et significatif », a affirmé Peter Orris, à la tête du département de médecine environnementale de l’université américaine de l’Illinois, cité par les ONG.

Le groupe de centrales au charbon le plus polluant au monde

« Il s’agit d’une crise de santé publique qui ne peut plus être ignorée », a estimé le directeur de groundWork, Bobby Peek, qui reproche au gouvernement de ne pas tenir « les gros pollueurs comme responsables ».

Les deux ONG accusent en outre le gouvernement de ne pas respecter ses engagements en terme de pollution. En 2012, le ministère de l’Environnement avait publié un plan pour la gestion de l’air dans la région. « Mais peu a été fait », dénoncent les ONG.

Selon un rapport de Greenpeace paru fin 2018, le Mpumalanga possède le groupe de centrales électriques au charbon le plus polluant du monde, produisant des niveaux record de dioxyde d’azote. Fin mai, l’Afrique du Sud, première puissance industrielle d’Afrique et premier pollueur du continent, a instauré une taxe carbone pour les entreprises.

LQ / AFP