Un kamikaze taliban s’est fait exploser au passage d’un convoi de l’Otan dimanche à une heure de pointe à Kaboul, signe de l’instabilité persistante en Afghanistan, deux semaines après la prise spectaculaire de Kunduz.
On ignorait dans l’immédiat le bilan de cette déflagration dans le centre-ville, qui a projeté une épaisse colonne de fumée dans le ciel de la capitale afghane.
De nombreuses ambulances convergeaient toutes sirènes hurlantes peu après l’explosion vers le lieu de l’attentat, qui était parsemé de débris, selon un photographe. La zone a rapidement été bouclée par les forces de sécurité.
«L’explosion s’est produite dans le secteur de Joy Shir, à Kaboul», a déclaré le porte-parole de la police Ebadullah Karimi. «C’était un attentat suicide prenant pour cible un convoi des forces étrangères.» Sediq Sediqqi, porte-parole du ministère de l’Intérieur, n’avait de son côté aucune information sur le bilan de cette attaque.
Un responsable de l’Otan à Kaboul a confirmé cet attentat, sans donner plus de détail.
Revendication des talibans
De son côté, un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a indiqué que son groupe était responsable de l’attaque.
«Un convoi des forces étrangères a été la cible d’une attaque martyre de nos moudjahidine dans le secteur de Joy Shir à Kaboul», a-t-il dit. «Deux de leurs véhicules ont été endommagés et tous ceux qui se trouvaient à bord sont morts.»
Les talibans, dont le régime en Afghanistan avait été renversé en 2001 par une intervention conduite par les Etats-Unis, sont connus pour exagérer les bilans de leurs opérations.
Cet attentat survient dans un contexte de forte instabilité sur le plan militaire en Afghanistan.
Les insurgés talibans étaient parvenus fin septembre à s’emparer en quelques heures seulement de la ville stratégique de Kunduz, dans le nord du pays.
Cette prise de contrôle, même si elle n’a duré que quelques jours, avait signé leur plus grande victoire depuis 2001, constituant aussi un grave revers pour le président Ashraf Ghani, au pouvoir depuis un an.
Les forces de sécurité afghanes ne leur avaient opposé qu’une faible résistance, symptomatique des énormes difficultés qu’elles rencontrent pour contenir les combattants islamistes.
L’armée afghane, bénéficiant d’un soutien aérien de la coalition de l’Otan, a lancé une vaste contre-offensive pour reprendre Kunduz.
Mais cette ville n’était peut-être pas le seul objectif des talibans, qui ont aussi étendu leurs opérations aux provinces du Badakhshan, de Baghlan et de Takhar.
L’armée afghane est d’autant plus surmenée qu’elle ne peut plus compter sur l’appui au sol de l’Otan. Depuis la fin de sa mission de combat, l’Alliance atlantique se cantonne à des missions de soutien et de formation.
La coalition est cependant sous le feu de vives critiques internationales en raison du bombardement américain le 3 octobre de l’hôpital de Médecins sans Frontières (MSF) à Kunduz qui a tué au moins 22 personnes.
Le président américain Barack Obama a présenté ses excuses à MSF mercredi, et le Pentagone a annoncé samedi que les Etats-Unis indemniseraient toutes les victimes de ce bombardement.
AFP/M.R.