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Afghanistan : plus de 11 000 civils tués ou blessés en 2015


Des Afghans à la recherche de proches après un attentat à la voiture à Kaboul, le 22 août 2015. (Photo : AFP)

L’année 2015 a été la plus sanglante pour les civils en Afghanistan depuis que l’ONU a commencé en 2009 à compter le nombre d’Afghans tués ou blessés dans le conflit, une hausse qui coïncide avec la fin de la mission de combat de l’Otan.

La guerre a fait au total 11 002 victimes civiles, dont 3 545 morts, en 2015, un chiffre en hausse de 4% par rapport à l’année précédente, a annoncé l’ONU dimanche dans son rapport annuel, qui pointe du doigt l’augmentation des attaques des talibans dans les villes.

«Le mal infligé aux civils est totalement inacceptable», a commenté le représentant spécial de l’ONU en Afghanistan, Nicholas Haysom, appelant «ceux qui infligent ces souffrances au peuple afghan à agir concrètement pour protéger les civils et mettre un terme aux tueries et aux mutilations».

Combats et attentats dans les zones peuplées sont décrits comme la principale cause des décès de civils en 2015. Le rapport cite les incursions des talibans dans les centres urbains, et notamment leur brève conquête de la capitale provinciale Kunduz en septembre dernier.

Les plus vulnérables paient un prix fort: une victime du conflit sur quatre a été un enfant en 2015, soit un chiffre en hausse de 14% sur un an.

Au-delà des chiffres, «le véritable coût (…) est mesuré par les corps d’enfants mutilés, les communautés qui doivent vivre avec ces disparitions, la peine des proches, les familles qui se retrouvent dépourvues de source de revenus, les parents en deuil de leurs enfants, les enfants en deuil de leur parents», a commenté Nicholas Haysom, lors d’une conférence de presse dimanche.

Les combats et les engins explosifs artisanaux sont les plus importantes causes de décès de mineurs, mais 113 enfants, soit deux par semaine, ont été tués et 252 blessés après avoir ramassé ou joué inconsciemment avec des munitions non explosées.

La justice prise pour cible

Les femmes ont également payé un lourd tribut au conflit, avec une hausse de 37% du nombre de femmes touchées. Une victime sur dix est une femme. Le rapport montre que de plus en plus de femmes sont prises pour cibles en raison d’atteintes supposées à la moralité, et qualifie ces exécutions et châtiments de «tendance inquiétante».

Les talibans ont rejeté dans un communiqué publié dimanche les conclusions du rapport, selon lequel 62% des victimes civiles ont été touchées par des forces anti-gouvernementales, dont les talibans. Quant au nombre de victimes causées par les forces pro-gouvernementales, armée afghane et troupes internationales, il a augmenté de 28% en un an.

Au total, 17% des victimes en 2015 ont été causées par ces dernières, indique le rapport, selon lequel il n’a pas été possible d’établir qui avait causé les 21% de victimes restantes. Le gouvernement afghan a contesté ce chiffre, estimant qu’une forte proportion de ces civils était victimes des talibans plutôt que de facteurs inconnus.

L’ONU critique notamment l’usage de munitions explosives par les troupes afghanes dans des zones habitées.

Les troupes de l’Otan sont passées le 1er janvier 2015 d’une mission de combat à une mission de formation et d’appui aux troupes afghanes, qui se sont retrouvées en première ligne dans la lutte contre une insurrection en pleine résurgence.

Des statistiques glaçantes montrent également que le nombre de civils tués dans le cadre d’attaques ciblées contre des juges, des procureurs et des institutions judiciaires a doublé. Il y en a eu 188 cas l’an passé, dont 46 sont morts. Les talibans ont revendiqué 95% de ces attaques ciblées.

Si les combats au sol sont la principale cause de victimes civiles, les engins explosifs improvisés arrivent en seconde place, souligne l’ONU, ajoutant que l’usage de ce type d’arme est contraire à la loi internationale et peut constituer un crime de guerre.

Les talibans ont multiplié les attentats et offensives militaires sans discontinuer ces derniers mois, mettant à l’épreuve l’armée et la police afghanes. Chinois, Américains, Afghans et Pakistanais s’efforcent de réamorcer un processus de paix pour mettre fin à une sanglante insurrection vieille de plus de 14 ans.

Ils ont indiqué récemment s’attendre à une reprise du dialogue direct entre Kaboul et les rebelles talibans d’ici la fin du mois.

AFP/M.R.